Et si c’était un voyage en terre inconnue ? Le monde d’aujourd’hui, en tout cas, est étrangement surprenant. La vie, l’expérience, l’amour raté, la malchance, la tristesse sont autant de sujets qui font déborder, voire font naître un personnage «exceptionnel».
«L’on s’attendait à tout, sauf découvrir son CD sur les étals d’un disquaire !» s’exclament les curieux amis du maître du mot et de la loi, Maître Aziz Kamache, notaire très connu dans l’Algérois.
Surprendre son monde peut être avec une procuration, un acte notarié ou une donation avec quelques subtilités, ça passe ! Hélas, le notaire compose aussi avec sa guitare et non seulement avec le verbe juste d’une littérature réglementée sur mesure pour dicter une loi, comme le stipule la législation.
Aziz Kamache sort de son bureau de notaire avec ses traits d’un mélomane fragile, dépité par les «inattendus», surtout ceux de la vie qui résonnent avec l’amertume et le désespoir.
Tharwa (Les enfants), une chanson qui caracole au sommet de son album, n’est autre qu’un hommage aux siens, qu’il avait vus naître, chéris de toute son âme, avant de sombrer dans une solitude infernale des suites d’un divorce, qu’il assume être une erreur fatale pour tout couple parental. La résonance chaâbi de cette chanson fait jaser le public dans la tristesse d’un père qui passe les mois de Ramadhan seul, privé de ses enfants et du bonheur.
Maître Kamache, dans son album, ne se tait pas, ne cache rien de sa vie privée et, surtout, ne se résume pas en un simple homme de loi, non ! Il confesse sa douleur, sa mélancolie, il l’exprime avec son verbe et son talent de compositeur.
Machi d’nek idesseba (Je ne suis pas le fautif), Agoujil (L’orphelin) Oul dh’lâakal (Le cœur et la raison), Iwachou id loulegh ? (Pourquoi je suis né ?) thassa (Le foie) idh dhwass (Le jour et la nuit), le notaire chanteur ne tourne pas en rond de sa guitare, qu’il a côtoyée depuis sa chambre universitaire dans les années 80, où il a su se mettre au diapason de l’art musical.
«Je m’exprime, je me confie au grand public de ce que cette petite personne endure depuis quelques années», nous dira M. Kamache Aziz, avant d’ajouter : «La vie m’a brisé, le chagrin, la solitude, la peur de l’échec pour mes enfants sont autant de choses qui hantent ma vie.» L’album surprise du notaire rencontre un franc succès, notamment dans sa Kabylie loyale, qui maîtrise ses mots, son verbe et sa douleur ressentie. Et ce n’est exclusivement pas pour le commerce ou la richesse que ce dernier figure dans le top des ventes, mais juste pour «entendre ma douleur», conclut-il.
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Posté Le : 04/10/2021
Posté par : aprincess
Source : https://www.lesoirdalgerie.com/culture/quand-un-notaire-compose-avec-la-tristesse-68364