«Le développement économique, c'est d'abord et surtout un comportement humain, une attitude, des idées, des opinions», a affirmé hier, à Alger, l'expert en économie résidant au Canada, Taïb Hafsi, lors de la présentation de l'ouvrage collectif ''Le développement de l'économie algérienne : expérience et perspectives , sorti chez les Editions Casbah. Un comportement qui n'est pas basé hélas, déplore-t-il, sur la bienveillance, élément essentiel pour booster la création et donc, le développement économique. «La bienveillance et l'affection ne sont pas enseignées dans nos universités alors que c'est le moteur de l'action collective. Dans un environnement bienveillant, nous évoluons et nous ne perdons pas notre temps à nous défendre contre la malveillance des autres», explique-t-il. Les grandes idées et les connaissances, estime-t-il, ne manquent pas dans notre pays. «Le problème, c'est que ces idées passent, pour leur application, par des personnes habitées par des motivations personnelles. Ces idées s'en retrouvent dispersées. D'où l'importance de la bienveillance qui consiste à engager des réflexions, ensemble. Le plus important, ce n'est pas de savoir où aller mais d'y aller tous ensemble. Et quand la réconciliation des idées est impossible, il faudrait aller dans ce cas vers la décentralisation», indique-t-il, soulignant, par ailleurs, que cet ouvrage, signé par lui et par 12 autres experts en économie, finance et sociologie, n'a pas la prétention de résoudre les problèmes de l'économie algérienne, mais propose juste une démarche de réflexion pour ouvrir ce secteur au débat. «Cet ouvrage fait un bilan général de la situation économique du pays, survole les capacités et ressources humaines, ses systèmes de gestion, le mangement national appliqué et les institutions», fait-il savoir. A propos des institutions, les experts ayant participé à cet ouvrage constatent un dysfonctionnement, engendré, selon Ahmed Benbitour, ancien Chef de gouvernement, par les ambitions personnelles des dirigeants et par la non-implication des élites du pays. Un dysfonctionnement qui a engendré, selon Abderrahmane Mebtoul, universitaire à Oran, des phénomènes, tels l'informel. «Quand le gouvernement ne prend pas en considération, dans sa réglementation, la morphologie de la société, cette dernière crée ses propres règles qu'elle considère comme des valeurs de droit.Le marché parallèle, c'est le produit du dysfonctionnement des institutions», révèle-t-il. Un produit, fait-il savoir, qui représente 40% du marché monétaire, 30% de l'emploi et 35 à 40% de la valeur ajoutée. «Au fait, si nous mettons les hydrocarbures de côté, l'informel représentera presque la totalité de l'économie nationale. Car contrairement à ce que l'on croit, les créateurs de richesse ne dépassent pas les 20% de l'économie nationale. Les investissements et les projets sont pour la plupart financés par les pouvoirs publics via les hydrocarbures. Bref, l'économie algérienne est foncièrement rentière», fait-il savoir. Le dysfonctionnement des institutions se manifeste également indique, pour sa part, le sociologue Nadji Safir, du côté des textes. «Les institutions accordent une hyper importance aux textes. Dès qu'il y a un problème, elles changent de loi, de code ou carrément la Constitution. La Constitution actuelle est-elle réellement incapable de régler le problème des citoyens ' A mon sens, avant de songer à changer les lois, il faudrait s'abord les appliquer», conclut-il.
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Posté Le : 14/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farida Belkhiri.
Source : www.horizons.com