Pour la première fois, un film français aborde le contexte de la guerre d'Algérie en mode fantastique. Croyant avoir à faire à des « fellaghas », une section militaire de l'armée coloniale se trouve confrontée à des djinns. C'est le titre du film qui sort, ce mercredi 11 août, sur les écrans français.
Lyon. De notre correspondant Se battre contre une armée d'Algériens courageux et prêts à tout pour la libération du pays, cela n'est déjà pas si facile, mais lutter à armes inégales contre une compagnie de djinns, dans un village saharien improbable, cela apparaît comme un défi insurmontable. Alors que le cinéma français, notamment depuis Indigènes , L'ennemi intime, ou encore Mon colonel, paraissait faire un début de présentation rationnelle de la guerre d'Algérie, Hugues et Sandra Martin, pour leur premier long métrage Djinns, prennent le contre-pied, en se laissant aller à l'imagination la plus libre. Nous sommes en Algérie, en 1960. Une section de paras français est envoyée à la recherche d'un avion disparu dans le désert algérien. L'épave de l'avion est rapidement localisée, mais il n'y a aucun survivant, juste une mallette estampillée « secret défense ». Prise d'assaut par des soldats ennemis, la troupe trouve refuge dans une étrange citadelle abandonnée. Malgré les mises en garde de la gardienne des lieux, ils réveillent les djinns, les esprits maléfiques du désert...Voilà pour la thématique qui va certainement réveiller les bons esprits, qui veillent sur l'écriture de la douloureuse histoire algérienne.En France même, des critiques dans la presse fustigent déjà la non-orthodoxie de ce film. Le journal L'Express le qualifie de « caricatural ». Cela annonce l'ouverture de débats qui sommeillent en chaque conservateur de l'orthodoxie d'une création obligatoirement fidèle à l'histoire officielle, de part et d'autre de la Méditerranée. Mais les auteurs n'en auront cure. Le fantastique ne s'embarrasse pas de la réalité, il la transcende. C'est à partir des nouvelles d'Edgar Allan Poe qu'ils ont pensé leurs Djinns. Par la suite, ils disent avoir retrouvé leurs traces dans les contes des Mille et une nuits, le Coran et même chez Victor Hugo. « Les djinns sont des esprits du désert dont on peut traduire le nom par ''ceux qui murmurent'' », confient-ils dans leur dossier de presse. Sur la naissance du projet, le réalisateur Hugues Martin précise qu'il souhaitait, avec Sandra Martin, faire un film fantastique qui se déroule hors d'un contexte quotidien. « C'est lors de la réalisation d'un clip dans le désert marocain, que nous avons décidé de mettre en scène le long métrage dans ce décor aride et désolé ». « De toutes les présences militaires dans le désert, la plus forte à nos yeux était celle de la guerre d'Algérie. Elle ajoute une autre dimension », estime Sandra Martin.Tournage au MarocLe film, comme beaucoup de films récents sur la guerre d'Algérie, a été tourné au Maroc. Aux côtés d'acteurs confirmés comme Thierry Frémont et Saïd Taghmaoui, le film bénéficie de la participation de la jeune génération de comédiens français. Grégoire Leprince-Ringuet, Aurélien Wiik, Matthias Van Khache et Grégory Quidel ou encore Omar Lotfi. De tous les films français qui ont été réalisés sur la guerre d'Algérie, Djinns est le premier à aborder ce contexte historique de façon fantastique. Prochainement, en septembre, sortiront sur les écrans, le film de Rachid Bouchareb Hors-la-loi, et celui de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, consacré aux moines de Tibhirine. Sur un registre décidément plus sérieux, autant dire moins drôle.
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Posté Le : 11/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com