Algérie

Sorry To Bother You, un film dérangeant



Un conseil : si vous souhaitez vous renseigner sur Sorry To Bother You afin d'évaluer la pertinence et la nécessité d'aller voir ce film en salles, ne vous fiez pas à la fiche Wikipédia. Dans la catégorie «genre» il est écrit «science-fiction, fantastique». Vous imaginez donc là un univers futuriste avec des effets spéciaux en pagaille et des technologies encore jamais vues.Ce qui n'est pas du tout le cas. Enfin pas vraiment. Enfin presque mais... Sur le site Allociné, il ont ajouté le genre «comédie», en le plaçant en premier, devant les deux autres précités. On se rapproche de la vérité mais on ne la tutoie pas encore car ce film est en réalité inclassable. Ce qui peut expliquer que ce long métrage doté d'un budget de 3,2 millions de dollars ait eu du mal à se vendre en dehors des États-Unis alors même qu'il y ait connu un joli succès critique et commercial (18 millions de dollars de recettes). «Sorry To Bother You», c'est l'histoire de Cassius Green, jeune black qui décroche un boulot de télévendeur.
Très vite, en imitant une voix de blanc bon chic bon genre, il connaît le succès et gravit les échelons. Tant et si bien qu'il se désolidarise de ses amis et collègues quand ces derniers décident de faire grève pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail dans l'entreprise. Cassius entend enfin profiter de la superbe promotion que la boîte lui propose. Le début d'une folie cinématographique complètement quasi improbable.
Le réalisateur Boots Riley, 47 ans, entraîne le spectateur dans une satire sociale déjantée avec un enchaînement de situations proches de l'ubuesque. Son idée directrice est de constater la situation toujours trop compliquée des afro-américains aux États-Unis et qu'il faut encore se plier aux volontés des blancs pour évoluer dans la société et améliorer son quotidien. Même quand ces blancs profitent de la faiblesse des autres pour leur faire faire n'importe quoi. Le cheval de bataille du réalisateur est dénoncé à coups de gags absurdes, drôles, inattendus, pertinents.
Porté par le génial Lakeith Stanfield, qui joue le rôle de Cassius et que l'on avait découvert dans State of Grace voilà cinq ans puis revu dans le très bon Get Out en 2017, le premier film de Riley s'évade dans une comédie fantastique parfois proche de l'horreur qui ne cesse de garder le contact avec la réalité d'aujourd'hui. Après une fin vraiment délicieuse, on ressort de la salle complètement groggy. Brillant, dérangeant, vrai, malsain, drôle... nos sentiments se succèdent puis s'entremêlent pour terminer sur un «génial» final (le film pas les faits). Merci de nous avoir dérangé Boots Riley.


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