Sonnez, trompettes
Le contraire nous aurait franchement étonné. Quand un glorieux membre de la « houkouma » est en visite de travail et d?inspection, selon l?heureuse formule, il le fait savoir. En mobilisant tout ce que son secteur compte de zélés subalternes. On ne badine pas avec le protocole, pas plus que l?on ne s?avise de placer sous le sceau de la discrétion, sa vénérable tournée. Il y a un goût passionné pour le « m?as-tu-vu ». Tout le monde est sur le qui-vive. On scrute l?arrivée du personnage, et on s?aligne bien droit sur son passage. Les réflexes sont essorés et rissolés. Les « ouailles » tournoient comme des guêpes et déroulent le tapis. C?est que le visiteur veut étancher une soif dont il n?est pas aisé de lui assigner des bornes. Fonction oblige. Le haut responsable et sa smala se fendent en délices et se bourrent à outrance en gloussant de satisfaction. Rien ne fait plus de bonheur au prince que les afféteries de ses valets. Scènes « lyriques » d?un travers incurable et contagieux. Déficience d?une mentalité qui n?arrive pas à se dépêtrer de ses contingences. Rencontrer à chaque pas une profusion de sollicitudes, souvent intéressées, est un narcotique dont on se débarrasse péniblement. Son « excellence » inspecte, fouine. Le regard sévère et la mine solennelle. Le destin de la planète repose sur ses épaules. Sitôt que la visite se termine, c?est au tour des motards et des bodyguards d?annoncer la couleur. Le citoyen, qui en a vu d?autres, observe non sans malice, ou indifférence le bouillant manège. A chacun sa modération.
Posté Le : 07/04/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com