Algérie

Sonia, "ce soleil qui ne disparaît jamais"



L'Etablissement Art et Culture a organisé une rencontre conviviale, durant laquelle les compagnons de route de la comédienne ont évoqué leurs expériences avec "la rockeuse du théâtre".Rien n'est plus beau que d'évoquer l'âme de Sonia autour d'un thé lors d'une sahra convenue durant ce "Mercredi du verbe" le 6 juin et au pied levé par Fouzia Laradi qui a convié une bande d'amis ou de partenaires des planches sur la scène de l'espace Bachir-Mentouri (ex-Pichon) de l'établissement Art et Culture. En guise d'accessoires scéniques, ils n'avaient que de la camaraderie bon enfant, mais pas de l'encens que la "sultane des planches" n'aimait pas. Ni qu'ils avaient de l'éloge ronronnant dans leurs textes théâtraux, que "la rockeuse du théâtre" réfutait de son vivant, surtout de la part d'obséquieux ronds-de-cuir. "C'était plus qu'une amie ou une hiérarchie, du temps où ce soleil de la scène manageait l'Institut supérieur des métiers des arts de la scène, l'Ismas (ex-lnadc crée en 1965) d'où la défunte est issue en 1973 ! Elle ' C'était ma Tata, rockeuse et rebelle contre le parvenu de tout acabit, du fait qu'elle a géré l'Ismas comme il ne l'a jamais été depuis le passage du regretté Mustapha-Kateb (1920-1989). En ce sens, la porte de son bureau comme celle de l'Ismas étaient ouvertes à tous les férus du 4e art, à telle enseigne qu'il y eut une symbiose entre la communauté estudiantine, l'administration et le voisinage", a déclaré Brahim Nouane, un enseignant à l'Ismas. Authentiques dans l'élocution de la fidélité, ils étaient scellés au souvenir de la défunte "Fatma", tels des clous aux planches de l'Opéra Mahieddine-Bachtarzi.
Non ! Qu'il s'agisse de l'improvisation ou tout simplement de la spontanéité dans l'éloquence d'un témoignage, la foule d'anecdotes qu'a narrées la journaliste Nafissa Lahrache a créé l'idéale synergie entre les témoins et un auditoire acquis au souvenir de l'enfant d'El-Milia à Jijel. Tant d'agréables témoignages ont fait qu'à la fin, le sourire s'est sans doute esquissé chez l'Etoile qui illuminait "El Qalâa" (La citadelle) qu'elle avait partagée en 1989 avec Azzeddine Medjoubi (1945-1995) et M'hamed Benguettaf (1939-2014). D'ailleurs, elle raffolait de ces rencontres à la bonne franquette, comme du temps où son logis ne désemplissait ni d'amis, ni d'une tasse de café de l'amitié, a déclaré Nadjet Taïbouni qui a tant partagé avec Sakina Mekkiou alias Sonia. "Sonia m'a insufflé l'amour du 4e art et m'exhortait à l'écriture scénaristique. Maintenant que ?la colombe du théâtre' s'est envolée pour un monde meilleur, c'est le théâtre qui a perdu un pilier, à l'instar de la disparition de l'élite théâtrale dont Azzedine Medjoubi et M'hamed Benguettaf faisaient partie. En outre, Sonia a longtemps milité pour la transcription des pièces théâtrales sous forme de coffret qu'elle rêvait de légué à la jeunesse, voire à la postérité". Emue, l'héroïne du feuilleton El Hariq de Mustapha Badie, l'actrice Aïda Kechoud a ajouté : "C'est si difficile d'évoquer Sonia au passé, elle qui privilégiait ses amis au détriment de sa propre famille et qui était à l'écoute des soucis professionnels d'autrui". Pour l'histoire : "En quarante ans de carrière sur les scènes de Annaba, de Skikda et de l'opéra Mahieddine-Bachtarzi, la ?gouala' lègue un coffret de plus de cinquante pièces de théâtre dont Galou laârab galou (1983) et le monodrame de Fatma (1990)", a tenu à préciser le comédien Abdelhamid Rabia. Et, à l'extinction des sunlights, une voix fredonna un air de Patrick Juvet (1973) : "Elle était venue comme une étoile. Pareille à celle des nuits de mai". Ironie du sort, Sonia est partie un 13 mai. Paix à son âme !
Louhal Nourreddine


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