Sonatrach résilie à tour de bras des
contrats de l'ère Meziane. La convention qui la liait au Sheraton d'Oran est
dans le lot. Conséquence, le «cinq étoiles» a perdu 6000 nuitées pour le reste
de l'année. Occasion de revenir sur une «relation privilégiée» où le Sheraton
n'est pas toujours à plaindre.
L 'histoire d'amour entre l'hôtel
Sheraton d'Oran et Sonatrach est terminée. L'arrivée de Nordine Cherouati à la
tête de la première compagnie du pays, confortée par le départ de Chakib
Khelil, a entraîné l'annulation unilatérale de la convention qui le liait à
Sonatrach pour l'hébergement de trois nuits par semaine de ses délégations
jusqu'à fin 2010. «Le préjudice est sérieux. Il s'agit d'environ 6000 nuitées
qui étaient réservées jusqu'à la fin de l'année et que les services commerciaux
de l'hôtel vont devoir aller démarcher chez de nouveaux clients», explique un
ancien employé du premier cinq étoiles d'Oran.
La convention qui liait les deux parties ne prévoyait pas de
clause d'indemnisation, en cas de résiliation unilatérale. La convention
Sonatrach permettait à l'Hôtel Sheraton Oran de bénéficier, depuis quatre
années, d'un taux de remplissage de 100% en milieu de semaine. Le manque à
gagner ne se limite pas à l'hébergement. Sonatrach organisait à demeure pour
ses équipes des cycles hebdomadaires de formation assurés par l'Institut
Algérien du Pétrole (IAP) d'Arzew. Un peu comme si l'IAP avait pris annexe au
Sheraton d'Oran aux frais de Sonatrach. La salle Mascara de l'hôtel, où se
tenaient les ateliers de travail, avait d'ailleurs était rebaptisée salle IAP.
L'Hôtel Sheraton d'Oran pourra toujours se consoler en apprenant que la mesure
de Sonatrach frappe en réalité tous les autres hôtels cinq étoiles du pays.
Elle représente un pan d'une très longue liste de contrats de l'ère de Mohamed
Meziane, pour les uns non reconduits à l'échéance, et pour les autres résiliés
purement et simplement depuis que la tutelle étouffante de l'ancien ministre de
l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a sauté. «Le service juridique du
Sheraton ne peut rien faire contre cette résiliation de contrat, mais je sais
que dans d'autres cas pour la zone d'Arzew, des prestataires et partenaires de
Sonatrach ont réagi car ils avaient les éléments contractuels pour le faire»,
affirme l'ancien employé de l'Hôtel.
Les tarifs pour le GNL 16 : «étonnants»
Du côté de l'activité Aval de la
compagnie pétrolière, dont le siège se trouve à Oran, une source évoque les
relations passées entre l'hôtel Sheraton de la ville et Sonatrach : «L'hôtel ne
devrait pas se plaindre de cette résiliation de convention. Il a gagné beaucoup
d'argent avec nous. Je ne parle pas de cette convention pour les formations IAP
seulement, mais aussi à l'occasion de tous les évènements qui ont été
délocalisés vers Oran durant les dernières années de l'ère Khelil».
Le dernier en date, le GNL 16 en avril dernier, continue de
susciter des commentaires amers. «C'est une commande très mal négociée. En
fait, je ne sais pas si cela a été même négocié. Nous avons payé la chambre
d'entrée de gamme à 32 000 dinars, c'est-à-dire plein pot alors que nous
réservions l'hôtel complet pendant six jours. En week-end ce type de chambre
peut tomber à moins de 10 000 dinars pour un couple ordinaire d'Algériens. Et
là, nous ne parlons que du tarif de la chambre la plus simple. La facturation
pour toutes les autres prestations est étonnante».
La relation privilégiée entre Sonatrach Aval et l'Hôtel Sheraton
d'Oran a été certes justifiée depuis 2006 par le fait qu'il était le seul hôtel
de cinq étoiles de la ville. Les pratiques commerciales qui s'en sont suivies
sont devenues sujettes à caution au fil du temps. L'un des principaux
interlocuteurs de l'hôtel Sheraton a été impliqué dans les enquêtes qui visent
l'activité Aval à Oran et écroué pour des chefs d'inculpation en relation avec
d'autres marchés. L'hôtel Sheraton ne doit pas seulement trouver, en 2010, de
nouveaux clients après le départ traumatisant du meilleur d'entre eux. Il aura
à revoir son positionnement après l'ouverture, pour le moment différée à la
rentrée de septembre au moins, du palace voisin, l'hôtel Méridien. Les deux
hôtels appartenant à la chaîne Starwood, un émissaire de celle-ci a expliqué la
nouvelle stratégie marketing : le Sheraton devrait céder le très haut de gamme
au Méridien, et revoir ses tarifs en conséquence afin de segmenter le marché.
Commentaire amusé d'un Oranais : «Si un nouveau Chakib Khelil arrive à la tête
du secteur, Sonatrach ira au Méridien».
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Posté Le : 22/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Samy Injar
Source : www.lequotidien-oran.com