Algérie

Sonatrach peine à enrayer la baisse



Selon l'ONS, la croissance du secteur des hydrocarbures a connu une baisse de 8,3% au 2e trimestre de 2019.La tendance de la production d'hydrocarbures en Algérie est à la baisse. Les derniers chiffres livrés par l'Office national des statistiques (ONS) évoquent une baisse de -8,3% de la croissance du secteur des hydrocarbures au 2e trimestre 2019, contre -6,9% durant la même période de l'année écoulée. La même tendance a été enregistrée durant l'année 2018.
Selon l'ONS, en 2018, la production de pétrole brut et de gaz naturel a enregistré une baisse de 3,1%, tandis que l'activité de raffinage de pétrole brut a baissé de 11,8%. Mais c'est surtout la production dans la branche de liquéfaction du gaz naturel (GNL) qui a diminué de 25,9% et a largement contribué à cette tendance baissière dans le secteur. Il faut dire que la production du secteur est en baisse régulière depuis plus d'une décennie ; la première diminution sensible ayant été enregistrée en 2008.
De nombreux experts attribuent cette baisse régulière depuis 2008 à une combinaison de plusieurs facteurs tels que le vieillissement des gisements, l'absence presque complète de découvertes commercialement exploitables au cours des dernières années et le retard dans la mise en exploitation des nouveaux gisements dont la découverte remonte pourtant à 2006.
À cela s'ajoute la mauvaise gestion de l'exploitation des champs pétroliers principaux avec notamment la surexploitation de ces gisements. Pour Nazim Zouiouèche, expert pétrolier et ancien PDG de Sonatrach, contacté par Liberté, il y a un grand problème de maintenance dans les installations pétro-gazières. Il suffit d'un simple problème de maintenance pour arrêter une structure.
Faisant le parallèle avec le raffinage, Nazim Zouiouèche a indiqué que l'Algérie a dû importer de l'essence parce que, malgré les capacités installées, elles n'étaient pas utilisées par défaut de maintenance. L'ex-PDG de Sonatrach pointe également du doigt la problématique de la formation.
Selon lui, cela fait vingt ans que l'on n'a pas fait de formation dans le secteur. Il faut dire que Sonatrach est confrontée à un sérieux problème de ressources humaines. Outre la formation, la compagnie nationale a connu une véritable saignée en ressources humaines. Ils sont près de 16 000 employés à avoir quitté la société nationale d'hydrocarbures, déclarait, en décembre dernier, l'ex-PDG, Abdelmoumen Ould Kaddour.
Selon Nazim Zouiouèche, un grand travail est nécessaire pour inverser la tendance. Il consiste à maintenir la production sur les anciens gisements qui sont en déclin naturel. Il est question, selon lui, de maintenir la production et même l'améliorer, notamment sur le gisement de Hassi Messaoud avec un système de récupération assisté. Il a précisé, à propos de Hassi Messaoud, qu'une amélioration de la production de 1%, c'est l'équivalent de 500 millions de barils.
Tout porte à croire que Sonatrach ne parvient pas à relancer l'activité de l'amont pétrolier et gazier. Le déclin de la production primaire est symptomatique d'un déficit criant en investissements étrangers. Les quatre derniers appels d'offres lancés par Sonatrach depuis 2008, destinés d'ailleurs à enrayer cette tendance baissière amorcée fin 2006 et courant 2007, se sont soldés par un échec cuisant.
La baisse de la production s'est traduite par le recul des quantités d'hydrocarbures exportées. Une situation qui se complique encore plus quand on apprend par la voix du président du groupe chargé de l'élaboration du nouveau projet de loi sur les hydrocarbures, Toufik Akkar, que 60% des réservdesideratadesiderataes initiales d'hydrocarbures du pays étaient épuisées et que ce taux devra atteindre 83% à l'horizon 2030.
Ce déclin de production qui dure depuis 10 ans, combiné à l'augmentation de la demande interne, risque de compromettre les exportations du pays qui apportent l'essentiel des recettes en devises. Pour inverser la tendance, les pouvoirs publics projettent la réécriture de la loi fondamentale régissant l'investissement dans le secteur. Mais là aussi, si ce texte venait à être adopté, ces effets ne se feront sentir qu'après 4 ou 5 années, a précisé Nazim Zouiouèche.

Saïd Smati


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