Algérie

«Sonatrach n'est plus au centre de la décision économique» Corruption et déclin de la production des hydrocarbures



«Sonatrach n'est plus au centre de la décision économique» Corruption et déclin de la production des hydrocarbures
La célébration du 24 Février, date anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en 1971, est l'occasion de rappeler, à chaque fois, que les objectifs de cette étatisation étaient le prolongement du processus d'indépendance.
Pourtant, cette célébration laisse, cette année, un goût amer. La multiplication des scandales et des affaires de corruption entachant la compagnie nationale des hydrocarbures, fer de lance d'une politique qui devait conduire, à terme, à amorcer le cours du développement économique et social, indépendamment du secteur des hydrocarbures, jette une ombre au tableau. Le secteur des hydrocarbures enregistre depuis quelques années des contre-performances et Sonatrach, en particulier, reflète une bien piètre image. La compagnie pétrolière nationale, qui fête, cette année, ses cinquante années, a perdu aujourd'hui de sa superbe et a égaré sa réputation de compagnie imperméable à la corruption.
Un bien triste constat qui pousse d'anciens responsables du secteur à regretter la manière dont les choses tournent au sein de la compagnie. C'est le cas notamment de l'ancien ministre de l'Energie, Noureddine Aït Laoussine, qui a rappelé, hier, en marge du forum du cabinet Emergy consacré au 24 Février, que l'ancienne génération était immunisée car «imbibée de l'esprit révolutionnaire». Et d'ajouter que cela forçait le respect des partenaires à l'étranger. Cependant, il considère qu'aujourd'hui, pour freiner et endiguer le phénomène de la corruption, il est nécessaire d'ériger un véritable «Etat de droit, une démocratie, des institutions et des règlements».
Un point de vue que partage l'ancien directeur général de la compagnie nationale des hydrocarbures, durant les années 1990, Nazim Zouiouèche, dans la mesure où il considère que Sonatrach travaillait mieux à une certaine époque «car les gens étaient plus engagés» et qu'«ils se sentaient responsabilisés de bas en haut afin d'atteindre un certain nombre d'objectifs». L'ex-responsable attribue néanmoins les contre-performances enregistrées par la compagnie nationale à des problèmes de management et de compétence. Il se dit regretter d'ailleurs le fait que toutes les belles actions de formation initiées au départ par Sonatrach aient été arrêtées. M. Zouiouèche affirme dans ce sens que l'alibi de la fuite des compétences du secteur des hydrocarbures à l'étranger ne peut en aucun cas justifier l'interruption de la formation au bénéfice des travailleurs du secteur.
De l'usage de la rente'
Considérant que les services pétroliers sont au centre de l'activité hydrocarbures, l'ex-DG de Sonatrach a rappelé les réalisations opérées par la compagnie par le passé. Il a ainsi indiqué qu'au plus fort du terrorisme, l'Algérie était toujours l'un des plus grands découvreurs d'hydrocarbures au monde. Insistant sur la vocation pétrolière du pays, il a estimé que Hassi Messaoud est aussi l'un des plus grands champs d'accumulation d'hydrocarbures. Cependant, il pointe du doigt un certain laisser-aller au niveau de la compagnie, alimenté, selon son point de vue, par l'augmentation des cours du baril, qui rassurent, d'un côté, mais qui ne poussent plus à réduire les coûts.
Pourtant, la compagnie pétrolière nationale est le fer de lance de toute la politique économique du pays. Un rôle attribué à la firme dès sa création et plus encore au lendemain de la nationalisation des hydrocarbures. A ce titre, M. Aït Laoussine rappelle que «l'objectif des nationalisations a été d'utiliser le pétrole pour sortir du sous-développement». Et d'expliquer que pour cela, il fallait prendre le contrôle des hydrocarbures et augmenter les prix du pétrole. Ce qui a été fait. Néanmoins, ajoute-t-il, «nous n'avons, malheureusement, pas utilisé convenablement les revenus pétroliers pour sortir le pays du sous-développement», évoquant ainsi des problèmes de gouvernance.
Les mêmes problèmes de gouvernance économique évoqués par l'ex-DG de Sonatrach, M. Zouiouèche pour expliquer l'échec. Celui-ci rappelle à ce titre que Sonatrach est un démembrement de l'Etat, c'est un accumulateur de devises qui a joué, «durant un certain moment, le rôle de leader de l'industrie algérienne». Il considère néanmoins qu'aujourd'hui, Sonatrach «n'est plus au centre des décisions», et qu'au lieu d'être la locomotive, «elle est en train de suivre».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)