Algérie

Sonatrach est l'arme du gouvernement



Sonatrach est l'arme du gouvernement
Le Palais du gouvernement
Faire l'impasse sur les énergies fossiles reviendrait à se faire hara-kiri, insistent nombre d'experts.
Le nécessaire déploiement de Sonatrach passe par la révision de la loi sur les hydrocarbures et une diversification effective de ses actions sur le terrain. La pétrochimie est, à ce propos, une direction stratégique pour le géant gazier qui doit impérativement s'adapter pour donner au pays les moyens de son émergence. La doctrine gouvernementale sur le sujet est on ne peut plus claire.
D'ailleurs, le choix porté sur un pôle gazier pour la première sortie du Premier ministre, illustre assez bien la détermination des pouvoirs publics de maintenir les hydrocarbures au niveau où ils ont toujours été dans la politique de développement nationale. C'est-à-dire, un secteur locomotive et le porte-flambeau de la souveraineté économique et politique du pays. Le recadrage stratégique est d'autant plus évident que le gouvernement a préféré prendre le risque de la polémique que celui de l'hésitation dans la stabilisation des effectifs de la compagnie. Celle-ci a, pendant longtemps, souffert d'un changement trop fréquent au niveau de son encadrement, ce qui a très durement impacté son efficacité sur le terrain. Il faut dire que beaucoup d'observateurs et d'anciens cadres de l'entreprise ont vu dans le feuilleton judiciaire de la Sonatrach, un réel motif d'affaiblissement de son potentiel humain et technique.
Le gouvernement Ouyahia a donc pris la résolution de ne pas tourner autour du pot et de fixer clairement les objectifs de l'Etat en ce qui concerne la compagnie nationale des hydrocarbures et les choix énergétiques décidés par les plus hautes instances du pays. Cela passe par une réhabilitation effective de l'outil de production nationale, mais aussi et surtout, par l'exploitation optimale des richesses gazières et pétrolières du pays. Le gaz et le pétrole de schiste étant objectivement une voie obligatoire pour maintenir une alimentation correcte des foyers et de l'économie nationale en énergie, le débat se fera sur «comment le faire'», pas sur «faut-il le faire'». C'est là une résolution du gouvernement qui ne semble pas du tout en situation de vouloir négocier avec qui que ce soit.
Cette perspective qui ouvre au pays une nouvelle ère d'aisance, au plan de la consommation tout au moins, draine avec elle, des défis technologiques et écologiques qu'il va falloir relever. La volonté que déploie l'Exécutif sur la question ne souffre vraisemblablement d'aucune nuance. Les hydrocarbures, qu'ils soient conventionnels ou pas, continueront d'être le fer de lance du développement économique du pays. La détermination de l'Etat s'en trouve renforcée, notent d'anciens dirigeants de la Sonatrach, par les péripéties traversées par la compagnie et surtout par la levée de boucliers «suicidaire» contre l'exploitation du gaz de schiste. Il est, faut-il le noter, illusoire pour le pays de se passer de la nouvelle manne financière tirée des énergies non conventionnelles. L'état actuel de l'économie algérienne ne lui permet, en aucun cas, de se passer des hydrocarbures non conventionnels. Faire l'impasse sur les énergies fossiles reviendrait à se faire hara-kiri, insistent nombre d'experts. Il est même établi que toute conversion énergétique n'a aucune chance d'aboutir sans un apport massif en investissement, donc en exploitation du gaz non conventionnel, notamment.
Il reste que l'action du gouvernement est tout de même conditionnée par un certain nombre de paramètres nouveaux, liés principalement à la conjoncture énergétique mondiale.
Le travail de séduction entamé, hier, à Washington verse dans cette logique. Mais ce qui se pose comme le véritable défi à la compagnie nationale, c'est bien l'obligation de monter dans la filière pour maîtriser véritablement l'amont, l'aval et la transformation, ce que n'a pas fait Sonatrach depuis sa création aux années 2000.
Il faut dire que cette orientation stratégique ne date pas d'aujourd'hui. Le plan Sonatrach 2030 n'est pas né du néant. Une première tentative de diversification a déjà été tentée dans la moitié de la première décennie de ce millénaire. Mais l'essai n'a pas été transformé.
Un gros projet de vapocraquage avec Total est tombé à l'eau, la réalisation de plusieurs raffineries a été déprogrammée et les projets dans la pétrochimie mis en veilleuse. Dans le même temps, plusieurs cadres de l'entreprise étaient poursuivis en justice pour corruption. Le fleuron de l'industrie pétrolière était purement et simplement paralysé.
Cette période est derrière nous. La compagnie pétrolière retrouve sa stabilité, les projets sont reprogrammés, mais est-elle vraiment à l'abri d'un nouveau séisme'


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