Algérie

Sonatrach dans le brouillard



Avec des prix du pétrole en baisse, une production d'hydrocarbures en déclin et des réserves difficilement reconstituables, Sonatrach risque de faire face, à moyen et long termes, à de sérieux problèmes d'approvisionnement du marché domestique et de respect de ses engagements contractuels envers ses clients extérieurs. Une situation qui n'est, cependant, liée qu'en partie à la pandémie de coronavirus. Dans cette crise sanitaire, l'Opep et ses alliés essayent d'agir pour le retour de la confiance et de l'équilibre du marché. Mais pour le moment, tout laisse prévoir que la demande de pétrole poursuivra sa fulgurante régression d'autant que de nombreux pays ont, de nouveau, adopté des mesures de confinement, avec une vie au ralenti en perspective. Bien évidemment, cela n'est pas de nature à rassurer le marché. Et Sonatrach n'échappera pas à cette réalité. Elle aura moins de revenus pétroliers, du fait de la déprime du marché et aura du mal à mobiliser les ressources financières nécessaires aux investissements et dans l'exploration et dans la production. Il faut, néanmoins, dire que les difficultés de Sonatrach sont antérieures à la crise sanitaire et financière actuelle. La pandémie de Covid-19 n'a fait que les aggraver. Celles-ci découlent, en fait, de défaillances de son système de gouvernance et de gestion, qui fait l'objet aujourd'hui de mesures d'adaptation nécessaire.Ces défaillances sont à l'origine de retards importants dans le lancement et la mise en production de nombreux gisements découverts, il y a plus de dix ans pour certains d'entre eux. C'est le cas des sites gaziers de Touat, de Reggane Nord (8 millions de m3 par jour) et de Timimoun (5 millions de m3 par jour). Le champ gazier de Touat, par exemple, devait être inauguré début 2017. Il n'est entré en production qu'en 2019. Cette plateforme a une capacité de traitement de 4,5 milliards de m3/an de gaz et 630 000 barils de condensat. À pleine puissance, la production de Touat représentera environ 9% des exportations totales de gaz de l'Algérie et se poursuivra pendant plus de 20 ans. Ces installations devaient apporter une production supplémentaire face à un environnement difficile. Par ailleurs, et alors que les grandes compagnies sont passées à des systèmes de récupération améliorés du pétrole, la production de Sonatrach repose toujours sur un modèle d'exploitation désuet.
Et cela ne permet pas de booster les gisements de production à un rythme soutenu et de reconstituer les réserves. Il est vrai que l'entreprise tente de rattraper le temps perdu et d'introduire de nouvelles technologies en matière d'exploitation. Mais le contexte actuel de crise ne se prête pas bien à la mise en place des changements requis. Dans un environnement aussi hostile, le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, a, dans une déclaration récente, affirmé que "les réserves prouvées de l'Algérie (2 500 milliards de m3 de gaz et 1,7 milliard de tonnes de pétrole) suffiront à garantir la sécurité énergétique du pays, sur les vingt prochaines années". Il a, néanmoins, ajouté que "vu le rythme accéléré de la consommation interne, le pays aura à choisir entre satisfaire le marché domestique ou exporter".
Youcef Salami


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