Algérie

Son président se confie au Quotidien d'Oran «L'INA assiste l'ENTV pour la sauvegarde de ses archives»



Le fonds «images» de la télévision algérienne s'enrichit. L'ENTV hérite officiellement, ce mardi, des archives cédées par l'Institut français de l'Audiovisuel (INA). Un patrimoine de 400 heures d'images vivantes tournées entre la Seconde Guerre mondiale et l'indépendance de l'Algérie. Avant de partir pour une visite de deux jours à Alger, le président de l'INA, Emmanuel Hoog, s'est confié au Quotidien d'Oran. Eclairage sur une coopération en devenir. Le Quotidien d'Oran : Entre l'INA et l'ENTV, les relations se multiplient et s'installent dans la durée. Après votre voyage dans la délégation de Nicolas Sarkozy en décembre, vous êtes de retour à Alger. Emmanuel Hoog : J'y vais pour la remise officielle, à titre gracieux, d'une copie de l'ensemble des images télévisuelles archivées à l'INA sous le mot-clé «Algérie». Tournées par les équipes de l'ex-ORTF (ancêtre du service public français), elles constituent un gisement télévisuel important. Ce faisant, nous honorons les engagements consignés dans la convention de partenariat signée, le 4 décembre dernier à Alger, en présence des deux chefs d'Etat. J'y vais, par ailleurs, pour approfondir notre relation avec l'ENTV et en définir les perspectives sur le long terme. L'INA et la télévision algérienne ont convenu de faire leur une relation fondée sur la coopération et les échanges. Q.O.: La cession des archives télévisuelles au profit de l'ENTV est intervenue un peu contre toute attente. Personne ne s'y attendait voici à peine quelques mois. E.H.: En effet. Les choses sont allées très vite. Evocation du sujet en septembre, paraphe de la convention en décembre et remise des images à l'ENTV début février. On a conclu en un temps quasiment record, preuve s'il en est que l'INA et l'ENTV sont en quête d'un partenariat digne de ce nom. Nous nous inscrivons bien au-delà des déclarations d'intention et du volontarisme. Q.O.: Quelle est la singularité de cet accord ? E. H.: Il est le deuxième du genre dans l'histoire de l'INA. Le premier a été signé avec le Maroc en 2006 à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance. Entre les deux, il n'y a pas photo. En volume, les archives cédées à l'ENTV représentent dix fois celles versées au crédit de la télévision marocaine. En tout, quelque 1.800 documents synonymes de 400 heures de programmes. Loin de moi l'idée d'appuyer sur les mots, mais force est de relever que nous sommes en présence d'un accord historique dans le registre des archives télévisuelles. Le potentiel images est énorme, qui plus est sur un pan de la mémoire algérienne. Outre la proportion des images cédées, l'accord vaut aussi par ses dispositions en matière de droits. Il offre à l'ENTV une totale liberté d'utilisation des images. A partir d'aujourd'hui, il est le sien. La télévision algérienne a vocation à en faire usage de plein droit. En agissant de la sorte, l'INA a voulu exprimer un acte fort et original de partage d'un patrimoine télévisuel commun. Q.O.: Ces images - ajoutées à d'autres sur une variété de sujets - sont disponibles à la consultation sur le site internet de l'INA. E.H.: Tout à fait. Cela répond à une conviction qui est la nôtre à l'INA. Dès ma nomination il y a sept ans à la tête de l'Institut, j'ai souhaité faire en sorte que les archives audiovisuelles soient accessibles aux chercheurs, historiens et des particuliers en quête de savoir et de culture. Un patrimoine audiovisuel n'a pas de sens s'il n'est pas valorisé. Or, sa valorisation suppose qu'il soit visible aux yeux du plus grand nombre. L'INA a organisé des colloques et labellisé d'autres sur les enjeux de la mémoire audiovisuelle. Certains d'entre eux ont été dédiés à la guerre d'Algérie et l'histoire du Maghreb. Des historiens dont Benjamin Stora ont plaidé pour un libre accès partagé des archives télévisuelles et radiophoniques. Nous y avons répondu en mettant cette matière en ligne. Q.O.: Quelles sont les thématiques couvertes par ces images ? E.H.: La convention porte sur l'ensemble du fonds «archives Algérie», toutes thématiques confondues. Toutes les séquences antérieures à l'indépendance algérienne y figurent. Nous ne nous sommes pas posés de questions. Nous avons numérisé et dupliqué l'intégralité des images filmées entre le milieu des années quarante et le début des années soixante. La première séquence «Algérie» archivée à l'INA illustre le bombardement de la base de Mers El-Kébir pendant la Seconde Guerre mondiale. Les dernières évoquent le départ des pieds-noirs et les fêtes de l'indépendance. Il s'agit d'archives vivantes, d'interviews, de reportages sur la guerre d'Algérie, le sport, la société algérienne entre les années 1940 et 1960. Q.O.: S'agit-il du premier accord entre l'INA et l'ENTV ? E.H.: Durant la dernière décennie, nos deux entreprises ont été liées par une dizaine de projets ponctuels. Certains l'ont été dans un cadre bilatéral, d'autres dans le cadre multilatéral de la Conférence Permanente et de l'Audiovisuel de la Méditerranée (COPEAM). Q.O.: A l'automne dernier, en levant le voile sur le projet de cession des archives «Algérie», vous avez laissé entendre que l'INA et l'ENTV s'acheminaient vers une coopération lourde. E.H.: En septembre, M. Hamraoui Habib Chawki a effectué une visite à l'INA. Il y a passé une demi-journée. Nous avons exploré des pistes de coopération et convenu de cheminer vers des projets lourds. Q.O.: Par exemple ? E. H.: La télévision algérienne travaille à un ambitieux plan de sauvegarde et de numérisation de ses archives. C'est une tâche titanesque aux enjeux importants. Il y va de la préservation de la mémoire nationale. Rien que pour les images tournées par ses propres équipes depuis quarante-cinq ans, l'ENTV jouit d'un patrimoine télévisuel important. Son DG a souhaité engager avec l'INA un programme de coopération et de formation dans ce domaine. Avec une expérience longue de 32 ans, l'INA capitalise une expertise et un savoir-faire dans la sauvegarde et la numérisation de la mémoire audiovisuelle (1). Des échanges ont déjà été engagés dans cette perspective. Des cadres de l'ENTV (ndlr : Leila Haoues, directrice des Archives et de la Documentation) ont été reçus en mission d'études à l'INA, nos spécialistes sont partis à Alger. (1)   D'ici à 2015, la France sera le premier pays au monde à avoir sauvé l'intégralité de sa mémoire audiovisuelle.


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