Algérie

SOMMET UNION EUROPEENNE/RUSSIE


De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
A Saint-Pétersbourg, dans le palais d'été de Poutine, les deux têtes de l'Union européenne, le Belge V. Rompuy et le Portugais Manuel Barroso, ont été, à la limite même de la politesse, priés de ne plus revenir sur le dossier syrien. Pour Moscou, c'est net et c'est niet, pas d'intervention militaire en terres omeyades.
Les Russes, il est vrai, trahis en Libye— l'UE et les USA faisant dire à la résolution de l'ONU ce qu'elle n'a jamais déclamé — ont des raisons diplomatiques, commerciales, historiques et géostratégiques sérieuses d'envoyer balader Bruxelles sur la question. Tout d'abord, Vladimir Poutine, renard du Nord, véritable joueur d'échecs, sait parfaitement que l'Union européenne n'est pas en mesure d'imposer quoi que ce soit sur la question. Désargentée, endettée, au bord de la dépression nerveuse à cause des situations chaotiques de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de l'Irlande, et sans doute dans peu de temps, d'autres membres de la zone euro rejoindront ce tas de miséreux, de pauvres, de vagabonds, l'Union européenne est dans une situation d'extrême faiblesse. Moscou, assise sur un matelas de devises impressionnant, source principale de l'énergie des pays de l'UE, marché prospère dont les investissements font languir les entreprises de l'ex-Ouest dans la guerre froide, négocie sur du velours, même pas besoin de renverser la table. Les pauvres Van Rompuy et Barroso, présidents de l'Union et de la Commission européennes, ont été, d'ailleurs, extrêmement sages, avant-hier, dans la belle cité russe, Saint-Pétersbourg. Ils ont, certes, dénoncé les exactions et les massacres en série et en Syrie mais n'ont pas pu aller au-delà des condamnations de principe. Soutien au plan de Kofi Annan, appels à la raison, revendications de type humanitaire, les émissaires bruxellois ne sont pas allés au-delà. Le pouvaient-ils, le voulaient-ils, d'ailleurs ' Ici, dans la capitale européenne, nombreux sont ceux qui estiment que l'Union européenne, boîte centralisée en Commission ou à travers ses Etats membres, ne veut pas s'engager militairement en Syrie. Le prix à payer serait fort élevé, selon les experts bruxellois. En pertes humaines, en frais guerriers et, surtout, l'affaire ne présente pas de dividendes réels. L'après-Bachar Al Assad, si après Assad il y aura dans le court ou le moyen terme, sera, de toutes les façons, géré par les USA en cas de rupture des équilibres actuels. Les seuls, pour le moment et pour un bon moment encore, en mesure de négocier la question avec les Américains sont les... Russes. D'une certaines façon, Poutine a signifié aux Européens que la question syrienne ne se posait pas pour le moment. Et si elle devait l'être, la Russie se concerterait non pas avec Bruxelles, mais avec Washington. A St-Pétersbourg, il s'était agi de cela et d'autres choses encore. Crise financière en Europe, éventuelle exclusion de la Grèce de la zone euro, comment venir en aide aux Européens en guenilles et de plus en plus nombreux. La campagne de Russie de Barroso et de Van Rompuy n'est certes pas comparable à celle de Napoléon, mais Bruxelles n'en a pas tiré d'avantages substantiels.


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