Algérie

Sommet UE - Afrique Les inévitables sujets qui fâchent



Après plusieurs reports, le 2e sommet UE-Afrique s'est ouvert hier à Lisbonne, avec la participation de près de quatre-vingts chefs d'Etat, de gouvernement et de délégation dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Sept ans après une première édition en 2000 au Caire, ce sommet a pour ambition d'ouvrir une nouvelle ère en instaurant un véritable «partenariat» entre les deux continents. Européens et Africains aspirent, à travers ce deuxième sommet, à consacrer une nouvelle relation, d'égal à égal, une motivation commune qui n'a, cependant, pas éclipsé plusieurs sujets de contentieux comme les négociations commerciales et le passif colonial. Cinq grands thèmes ont été choisis par l'Union européenne et l'Union africaine, à savoir: paix et sécurité, démocratie et droits de l'Homme, commerce et développement, changements climatiques et énergie, immigration et emploi. Ces thèmes seront au centre de la «stratégie conjointe» et du plan d'action qui seront adoptés aujourd'hui, à l'issue des travaux, pour définir les «partenariats prioritaires» à mettre en oeuvre dans les trois prochaines années, avant le prochain sommet, prévu en 2010 dans un pays africain. Intervenant à l'ouverture du sommet, le Président ghanéen Jhon Kufuor, qui assure la présidence tournante de l'Union africaine, a indiqué que l'Europe a besoin de l'Afrique autant que l'Afrique a besoin de l'Europe. «C'est un sommet entre égaux, nous sommes tous égaux ici. Il y a sept ans que s'est tenu le sommet du Caire. Ces sept années durant lesquelles rien ne s'est produit de significatif, ont porté préjudice à l'essor de notre coopération», a assuré le Premier ministre portugais José Socratès. Le 2e sommet UE-Afrique, prévu en 2003, a été sans cesse repoussé, les Européens étant divisés sur l'opportunité d'inviter le Président zimbabwéen Robert Mugabe, interdit de séjour dans l'UE en raison «des violations des droits de l'Homme de son régime». Mais, malgré le boycottage du sommet par le Premier ministre britannique Gordon Brown et sous la pression de leurs partenaires africains, les Européens ont finalement accepté M. Mugabe. A propos des débats, le commissaire européen au Développement Louis Michel, a estimé qu'Africains et Européens devraient débattre de tous «les sujets sur lesquels nous avons facilement un accord mais aussi la situation au Darfour, les accords de partenariat économique, les droits de l'Homme et la gouvernance», a-t-il précisé. A cet égard, les sujets sensibles ont été d'emblée évoqués lors de la cérémonie d'ouverture par M. Kufuor et le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré. «Exigence de devoir de mémoire vis-à-vis de la traite négrière, de la colonisation, de l'apartheid, du génocide rwandais: non pas pour polémiquer, non pas pour un quelconque chantage ou repentance dans un sens d'humiliation mais pour ouvrir, en toute responsabilité et en toute conscience, les voies de l'avenir», a déclaré M. Konaré. «Durant 500 ans, les relations entre nos continents n'ont pas été une relation heureuse», a lancé M. Kufuor, ajoutant: «ce sommet est important pour corriger cette injustice de l'histoire». Vendredi, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait exigé des «compensations pour la période coloniale», lors de laquelle les richesses de l'Afrique avaient été «spoliées». La question sensible des Accords de partenariat économique (APE) a également été soulevée par M. Konaré. Il a dénoncé le «forcing» des Européens dans les négociations avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, et appelé à «prendre le temps nécessaire pour conclure des accords justes et rassurants». M. Konaré n'a pas manqué, non plus, de rappeler aux Occidentaux leurs engagements vis-à-vis du Darfour, où une force de paix doit être «déployée sans de nouvelles pertes de temps».


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