Algérie

Sommet sino-africain



La presse française s’empare de l’événement Rivalisant de tournures pour qualifier, à qui mieux mieux, le sommet sino-africain, la presse française s’en est donnée, hier, à coeur joie pour battre en brèche ce nouveau rapprochement, porteur de lourdes conséquences pour l’économie mondiale... C’est contre toute attente que la presse parisienne s’est emparée, hier, du sommet sino-africain, un événement économique qui aura fait la une de plusieurs quotidiens français qui, d’habitude, sont peu friands à aborder les problèmes vécus par le continent noir, considéré, jusque-là, comme une zone d’influence, voire le pré-carré français. «Pékin, capitale de l’Afrique pour trois jours.» C’est le titre qu’a choisi Le Figaro pour évoquer ce sommet dans lequel il croit déceler de grandes inquiétudes pour les économies locales africaines. Le Figaro livre ainsi l’exemple du secteur du textile: «Lorsqu’un nouveau tissu, élaboré et fabriqué en Côte d’Ivoire, est commercialisé, il est copié en Chine. Trois mois plus tard, il est renvoyé sur place quatre fois moins cher». Un avis également partagé par le quotidien économique La Tribune, selon qui Pékin sort le grand jeu «pour l’Afrique». La Tribune semble même avoir des réponses toutes faites à ses interrogations. Par exemple, comment «Pékin achète à plein temps en Afrique», de sorte que «la faim des sociétés chinoises pour les ressources africaines n’a pas de limite, de l’Algérie au Zimbabwe et du Soudan à l’Angola». La Tribune comprend, enfin, pourquoi aujourd’hui «la Chine déroule le tapis rouge pour les dirigeants africains à la plus importante réunion diplomatique jamais organisée sur son sol». Un autre quotidien économique français, en l’occurrence Les Echos, voit dans l’offensive de charme chinoise en Afrique un «jeu de go» qui peut se résumer pour les dirigeants africains en la signature d’un «pacte avec le diable»... Mais, assurément, le plus inventif des titres français au sujet de la percée chinoise en Afrique reste Libération qui aura créé pour l’occasion, de toutes pièces, un néologisme: la Chinafrique, en opposition bien sûr à la Françafrique, un réseau bien connu et qui a décidément la peau dure en France et même en Afrique. Libération cite, à ce sujet, le chiffre mirobolant de «40 milliards de dollars», soit le montant total des échanges commerciaux entre la Chine et le continent africain en 2005. «Un montant multiplié par quatre en cinq ans», est-il précisé. A signaler, par ailleurs, que ce journal parisien réputé de gauche a dépêché sur place, à cette occasion, une envoyée spéciale qui aurait perçu dans la ville de Canton une vraie «Africatown». D’après elle, le but assigné au sommet sino-africain est l’envoi d’un message manifeste en direction du reste du monde: «Désormais, il faut compter avec la Chine en Afrique». Une chose est néanmoins sûre: la Chinafrique ou «Quand l’empire du milieu attaque en Afrique» ne sont plus des fictions pour la presse française. La «Françafrique» n’a qu’à bien se tenir à cet égard.


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