Algérie

Sommet européen : Quel avenir pour l'UE '


Ce n'est pas tellement, malgré les apparences, le montant du budget septennal qui divise les 27 Etats de l'Union. C'est plutôt l'avenir politique de l'Union : ultra libérale ou sociale et libérale '
Comme le prévoyaient les observateurs à Bruxelles, le Sommet européen, ouvert jeudi en fin de journée, n'indiquait pas, au moment où nous mettons sous presse, vendredi en milieu de journée, un quelconque espoir d'accord sur le principal point de l'ordre du jour, celui du budget septennal (20014 -2020) de l'Union.
Et pour cause ; l'opposition est vive entre les tenants de l'austérité et ceux, partisans de la flexibilité budgétaire. Autrement dit, ceux qui souhaitent une réduction drastique du budget communautaire et ceux qui, au contraire, veulent booster la croissance par une augmentation des financements des politiques communes de l'Union.
Dans le camp des partisans de l'austérité, on retrouve la Grande-Bretagne, la Suède, les Pays-Bas, la Tchéquie et le Danemark, soit les pays du nord européen ; alors que la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie…C'est-à-dire les pays du sud, militent pour plus de souplesse et d'aides aux politiques communautaires. C'est ce qui apparaît en surface à travers les déclarations des chefs d'Etat et de gouvernement ou de leurs porte-parole. Cependant, cette fracture entre le sud et le nord de l'Europe n'est qu'apparente, puisqu'elle cache en réalité des enjeux politiques de taille, dont celui de l'orientation politique de l'Union : va-t-elle persister dans la voie ultra-libérale ou revenir défendre l'orientation socio-libérale sur laquelle elle s'est bâtie jusqu'alors ' Car, à bien y regarder les propositions du montant global du budget septennal, la différence qui varie autour de 200 millions d'euros, n'est pas aussi drastique, tant cela concerne 27 pays quand même et presque tous les pans de l'activité économique.
Ainsi, la Commission européenne qui planche sur le sujet, depuis plus de 2 ans, propose une enveloppe globale de 1.047.458 euros (mille milliards) ; le Conseil européen propose 973.707 (neuf cent soixante-treize millions), alors que la présidence chypriote actuelle de l'UE chiffre le montant à 997.707 (neuf cents millions d'euros.) Comme on le voit, la différence n'est pas si «explosive» que cela, pourtant les 27 chefs d'Etat et de gouvernement n'arrivaient pas à s'entendre à quelques heures de la clôture de ce sommet.
En fait, le différend porte sur un chapitre essentiel des politiques communautaires, celui de l'Agriculture qui consomme près de 70 % du budget global de l'Union. La France étant le principal bénéficiaire, en termes de subventions (70 %), rechigne à lâcher du lest et n'accepte pas sa remise en cause. La Grande-Bretagne qui ne bénéficie pas de l'aide agricole, est exempte de contribution au budget communautaire pour un montant annuel de l'ordre de 4 milliards d'euros. Elle souhaite garder ce privilège et demande une autre répartition des aides agricoles, le tout avec un budget réduit à la baisse. Elle est soutenue par les pays comme les Pays-Bas, la Suède et la Tchéquie. La France, on l'aura deviné, est suivie par l'Espagne, le Portugal, etc. Quant à l'Allemagne, principal contributeur du budget de l'Union, elle tient une position intermédiaire. Au plus, elle milite pour le maintien du budget à son niveau actuel, soit autour des 900 millions d'euros.
Un autre chapitre ne fait pas l'unanimité : celui du Fonds social (aide aux plus pauvres), qui avait été remis en cause en 2010 par l'Allemagne, puis reporté pour ces deux dernières années. D'un montant de 500 millions d'euros (70 millions /an environ), il est à charge dans la comptabilité de l'Union. L'Allemagne souhaite que ce secteur de l'aide alimentaire aux plus démunis, revienne aux Etats membres, chacun pour ce qui le concerne. En clair, la question de la solidarité entre les 27 Etats, du moins sur les chapitres sociaux est engagée. Et c'est un indice qui ne trompe pas sur l'orientation politique future de l'Union : va-t-elle abandonner, à la faveur de la crise financière et celle de l'euro, son modèle social, si loué ' Le pari est incertain tant l'opinion, comme les partenaires sociaux, restent vigilants sur cette question. Dans ce sens, le Parlement européen, expression de la volonté populaire européenne, s'est déjà prononcé contre une réduction du budget ou un abandon de la solidarité inter européenne. Le Parlement a averti qu'il bloquerait toute volonté d'austérité du Conseil européen. Même si dans les faits, c'est le Conseil (chefs d'Etat et de gouvernement) qui tranchera en dernière instance, le Parlement fait de son opposition à l'austérité une question de principe. Dire que la totalité du budget européen ne représente pas plus de 1 % du PIB de l'Union, on comprend alors que la bataille ne tient pas à 200 millions d'euros près, mais elle oppose les Européens convaincus de poursuivre la construction européenne sur un principe de solidarité et ceux, dits eurosceptiques qui s'en remettent à la loi des marchés financiers.
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