Avant même qu'il ne débute ce dimanche à Bruxelles, le Sommet des chefs
d'Etat et de gouvernement de l'UE annonce son échec. Il est question d'argent
pour les banques et pour les plus… démunis, les pauvres.
La crise financière qui frappe l'Union européenne a abouti, finalement, à
une sérieuse crise politique avec le risque d'une remise en cause d'un certain
nombre d'acquis communautaires conquis tout au long d'un demi-siècle de
construction européenne. Les divisions entre les 27 Etats membres sur les
moyens de sortir de cette crise, devenue multidimensionnelle, sont si tranchées
que les chefs d'Etat et de gouvernement ont annoncé, pour la 1ère fois et à
l'avance, l'échec de leur rencontre semestrielle prévue ce dimanche à Bruxelles.
Paris et Berlin, qualifiés «péjorativement» de moteurs de la construction
européenne, ont appelé à un deuxième sommet trois jours plus tard, soit le
mercredi 26 octobre. Plus précisément, ce sont les 17 Etats membres de la zone
euro qui n'arrivent pas à s'entendre sur la question du refinancement des
banques, ainsi que celle de l'augmentation du Fonds européen de stabilité
financière (FESF). Ce fonds, né en mai 2010, mis en place sur le plan «légal»
en mars 2011 et doté en juillet 2011 d'un montant de 440 milliards d'euros, a
été au cÅ“ur de la discorde avant même qu'il ne soit opérationnel. Et pour cause,
il est soumis à l'adoption par au mois 90 % des parlements nationaux des 27
Etats de l'Union. Jusqu'à la semaine dernière, le Parlement tchèque opposait
encore son refus. Il aura fallu une seconde session, deux jours après, pour son
«passage» avec une conséquence pour le gouvernement tchèque : sa chute.
Alors que certains Etats membres de la zone euro multipliaient les
réserves sur les objectifs du FESF, la spéculation des marchés financiers est
montée de plus d'un cran avec son lot de taux d'intérêts qui remettent en cause
tous les calculs des Etats et des banques. Du coup, les risques financiers sont
revus à la hausse et certains Etats de la zone euro, menés par la France, estiment qu'il est
urgent d'augmenter les fonds du FESF à 1.000 milliards. C'en est trop pour la
chancelière allemande, Angela Merkel,
dont le pays est le principal contributeur financier du FESF : elle oppose un
niet ferme au président français. Mme Angela Merkel avait affronté auparavant des résistances politiques
au Bundestag (parlement) pour l'adoption des premiers 440 milliards du FESF. Vouloir
convaincre son pays de porter le montant à 1.000 milliards est quasiment
impossible, ou alors elle risquera, définitivement, son avenir politique déjà
bien entaché.
C'est dans ce climat de tension que la Commission européenne
manifeste (enfin) son autorité. Son président, Manuel Barroso,
a annoncé qu'il va appeler l'ensemble des Etats membres à la discipline et au
volontarisme pour en finir avec les divisions. Il défendra la nécessité
d'augmenter, substantiellement, le FESF.
Ainsi, en plus de la question grecque et du refinancement (recapitalisation)
d'une soixantaine de banques européennes en difficulté, un autre «chapitre» à
l'autre «bout de la chaîne de solidarité» s'invite au Sommet européen : l'aide
alimentaire aux plus démunis. D'un montant de 430 millions d'euros les années
précédentes, il est réduit pour cette année à 133 millions d'euros, soit de
près de 75 %. Six pays font de la résistance au sein du Conseil des ministres
de l'Agriculture, duquel dépend le montage de ce fonds. Ce sont l'Allemagne, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas,
la Grande-Bretagne
et la République
Tchèque. Réunis jeudi à Bruxelles, les ministres de
l'Agriculture ont, faute d'accord, remis le dossier entre les mains des chefs
d'Etat et de gouvernement pour ce dimanche. On aura remarqué que ce sont six
pays du Nord européen qui refusent que l'aide aux plus démunis dépende du
secteur agricole. Comment en serait-il autrement quand les principaux bénéficiaires
des subsides (aides) européens dans le domaine agricole sont les pays du Sud
européen, surtout la France,
qui bénéficie de 40 % du Fonds agricole commun.
Les six pays qui s'opposent à ce fonds, dit Plan d'aide européen aux
démunis (PEAD), souhaitent qu'il soit transféré au domaine social (ministres du
Travail et des Affaires sociales) et qu'il relève de compétences nationales. Chaque
pays aidera, chez lui et selon ses moyens, les démunis. 18 millions d'Européens
sont concernés par cette aide. Au-delà de cet aspect technique qui ne change en
réalité pas grand-chose à la problématique de la pauvreté en Europe, c'est
encore un pan de la solidarité européenne qui vole en éclats.
Au final, le Sommet européen de dimanche aura à traiter les difficultés
des riches, en l'occurrence les banques, et celle des pauvres et démunis. C'est
cela aussi la logique du capitalisme financier lorsqu'il prend le pas sur le
politique dans la gestion de la société.
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Posté Le : 23/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com