Algérie

Sommet Européen: Le couple franco-allemand à l'index



A vouloir apparaître contre vents et marées comme le «moteur» de l'UE, le couple franco-allemand a fini par lasser les 25 autres Etats de l'Union, avec en sus, le risque d'une crise politique majeure, voire un éclatement de l'Union. Les 27 se retrouvent ce mercredi à Bruxelles.

Comme prévu, le Sommet européen de dimanche dernier s'est soldé par un échec politique qui ne présage rien de bon pour la construction européenne, telle que «rêvée» par ses pères fondateurs. Au-delà des querelles et antagonismes sur les moyens financiers de sortie de crise, les dirigeants européens ont cassé un principe sacré qui soutient l'idée européenne : la solidarité. En se réunissant une nouvelle fois ce mercredi, les premiers responsables de l'UE décideront, face à l'urgence et la pression des marchés financiers, de quelques «replâtrages» macro économiques qui ne feront que reporter les chocs économiques et sociaux de la crise économique de quelques mois. Comme aux premiers jours de la crise financière en 2008, les responsables européens se refusent, à ce jour, d'admettre que la crise n'est pas «strictement» d'ordre financier, mais d'abord d'ordre systémique. Par conséquent, ils multiplient les rencontres à tous les niveaux pour répondre aux appels des banques en risques de faillite en leur offrant, grâce à la «planche à billets» et l'endettement des trésors publics, de nouveaux crédits (liquidités) sans obligations de résultats sur l'économie réelle. Cette course-poursuite contre le risque de faillite du système bancaire a multiplié l'endettement public des Etats et creusé leur déficit. Du coup, à la troisième année de la crise, les Européens se «déchirent» sur qui va payer et quel montant pour faire reculer le crash général. Dimanche dernier, les chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à Bruxelles, ont étalé au grand jour leur… défaite face à la loi des marchés financiers. A commencer par ce fameux «moteur» de l'Europe constitué par le couple franco-allemand. A la proposition française d'augmenter les Fonds européens de stabilité financière (FESF) de 440 milliards d'euros à près de mille milliards pour lui attribuer un rôle de banque (encore !), l'Allemagne d' Angela Merkel a opposé un niet ferme. Et pour cause, l'Allemagne est le 1er contributeur du FESF. La France de Sarkozy, pas loin de l'endettement italien, n'a pas trouvé mieux que «d'interpeller» Silvio Berlusconi, 1er ministre italien, pour qu'il assainisse les comptes de son pays. Si l'on ajoute l'ire des pays nordiques que sont la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, ainsi que la Pologne et bien d'autres sur le monopole par le couple franco-allemand de la réflexion et des décisions au nom de l'UE des 27, force est de constater que l'UE s'enfonce dans une crise politique aux conséquences incertaines sur son avenir. Comme toujours, l'Histoire finit toujours par rattraper ses auteurs : à vouloir faire croire que la construction de l‘Union européenne repose sur le seul couple franco-allemand, certains Etats membres sont tentés par le «divorce». Le débat est lancé au Royaume-Uni sur l'éventualité de son retrait de la famille européenne. Cela démontre que la crise européenne dépasse le seuil de celle de l'euro pour se muer en crise politique majeure. Ce scepticisme européen qui gagne les sphères politiques a une origine, une cause : «le moteur franco-allemand». Rappelons qu'aux premiers moments de la crise financière en 2008, le président français, Sarkozy, s'est enfermé dans un dialogue exclusif avec l‘Allemagne, excluant de fait le reste des Européens et les institutions européennes. Jusqu'à dimanche dernier, le président français demeurait dans son aveuglement en «court-circuitant» le Sommet par son appel à un 2ème Sommet franco-allemand, ce mercredi à Bruxelles. C'en était trop pour les 25 autres Etats de l'Union : ils ont fait bloc pour exiger un Sommet à 27 Etats, y compris donc ceux ne faisant pas partie de la zone euro. Une manière de faire comprendre au président français que la crise concerne toute l'Union européenne (et au-delà) et qu'il faut revenir aux principes de négociations qui ont fabriqué l'UE : la méthode communautaire, le consensus et la solidarité. Sans le respect de ces principes fondateurs, l'UE ne pourra éviter un éclatement. Car à bien évaluer l'appareil productif européen et le volume de ses échanges internationaux, l'UE est loin d'être «pauvre». Elle dispose de grands atouts économiques (et garanties financières) pour s'en sortir. Le problème est celui d'une réforme de ses Institutions pour une gouvernance partagée (fédéralisme). Soit au final, une solidarité effective entre ses 27 membres. Auquel cas, l'UE ne pourra résister plus longtemps aux offres du FMI ou de pays disposant de fonds souverains conséquents, comme la Norvège (non membre de l'UE) qui se dit prête à lui faire «crédit». Dans un tel cas, l'UE perdra définitivement son indépendance politique et son rôle dans le monde pour demeurer (et encore) au stade d'un simple marché commun. Loin du vÅ“u ultime de ses pairs fondateurs.




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