Surpris par le «printemps arabe», les pays de l'UE revoient leur
stratégie de coopération avec le sud Méditerranée. Ils prônent une aide plus
conséquente et surtout plus ciblée sur la société civile. Ils l'ont exposé au
sommet du «G 8».
La Commission européenne a
présenté mercredi, à la veille de la tenue du sommet du «G8» à Deauville, le
projet de sa nouvelle politique européenne de voisinage (PEV) à la faveur, notamment,
des bouleversements politiques intervenus dans le monde arabe. L'idée
principale de cette nouvelle approche européenne est, au-delà d'une
augmentation de l'aide financière aux pays du sud Méditerranée, basée sur une
plus «grande proximité» avec les organisations non gouvernementales de la
société civile. La
Commission européenne projette la mise en place rapide d'un
mécanisme (une structure) chargé de gérer l'aide financière et technique
ciblant les ONG, y compris celles non reconnues par les Etats, les partis
politiques de l'opposition notamment, les syndicats autonomes, les groupes de
réseaux sociaux… Un chapitre spécial est consacré à l'aide à la presse
indépendante. Concrètement, il est proposé l'augmentation immédiate de l'aide
financière de 1,24 milliard d'euros, en plus des 5,7 milliards déjà attribués
pour la période 2011-2013.
Pour ce qui concerne plus
précisément les pays du sud Méditerranée (Afrique du Nord et Moyen-Orient), la Banque européenne
d'investissement (BEI) est mise à contribution pour 1 milliard d'euros
supplémentaire, ainsi que la
Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD)
pour environ 2,5 milliards, toujours pour la période 2011-2013. Dans sa
déclaration, le Commissaire européen en charge de l'élargissement, Stefan Füle, précise que « ce n'est pas une approche uniforme. Le
souci accru de nos voisins est conditionnel. Il dépendra des progrès effectués
pour la reconstruction et la consolidation de la démocratie et du respect de
l'Etat de droit. Plus un pays progressera dans ses réformes, plus l'UE lui
accordera son soutien. » Cette contribution à l'aide au développement et la
démocratie dans les pays du Sud vient s'ajouter aux autres propositions et
engagement des pays du « G8 » et des autres institutions financières
internationales.
Dans ce sens, le FMI s'est dit
prêt à débloquer 35 milliards de dollars (24,8 d'euros) au profit des pays
engagés dans le « printemps arabe » que sont la Tunisie, l'Egypte, la Libye et le Yémen. L'étude
prospective du FMI sur les pays arabes dans leur ensemble fait ressortir un
besoin de 160 milliards de dollars pour la seule période 2011-2013. Par
ailleurs, le FMI estime à 50 millions le nombre d'emplois à créer pour les 10
ans à venir. Toutefois, cette batterie de mesures et de propositions n'est pas
définitive et sera adaptée en fonction de l'évolution des situations politiques
dans les pays arabes. La seule certitude est que, désormais, les pays
industrialisés, particulièrement ceux européens, sont conscients de la
nécessité d'un appui concret, ciblé et quantifiable au sud Méditerranée sans
lequel les désordres et menaces sur la sécurité de tous sont inévitables. Deuxièmement,
l'UE et l'Occident en général sont décidés à développer des mécanismes de
proximité et de coopération avec la société civile dans les pays arabes. En
effet, l'UE a été désemparée face aux soulèvements populaires dans les pays
arabes, tant elle se contentait de relations d'Etat à Etat, et seulement cela.
Par ailleurs, la volonté des
Européens de revoir leur stratégie de coopération avec le sud Méditerranée
traduit, par ricochet, l'échec de l'Union pour la Méditerranée (UPM) lancée
sur une idée de la France
en juillet 2008. Enfin, il reste qu'au-delà de l'aide attendue par les pays
arabes dans leur quête de liberté et de démocratie, la résolution du conflit
israélo-palestinien est déterminante pour un avenir apaisé entre les
Occidentaux et les pays arabes. La conjoncture est favorable pour amener
l'actuel gouvernement d'Israël à se conformer au droit international et aux
résolutions pertinentes de l'Onu qui confortent la Palestine dans ses
frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale politique. Notons qu'au
moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que l'ensemble de la gauche
israélienne (partis et associations civiles) appelle leur gouvernement à
reconnaître l'Etat palestinien et d'engager les négociations sans conditions
préalables.
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Posté Le : 28/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com