L’Afrique veut des actes et non des promesses
Deux ans après le sommet de Gleneagles (Ecosse), où les pays riches avaient annoncé une forte augmentation de leur aide au développement, les Africains attendent encore que cette promesse se réalise.
L’engagement pris au sommet du G8 de 2005 -»Année de l’Afrique»- de doubler l’aide au continent africain d’ici à 2010, est resté lettre morte pour l’essentiel, déclarent beaucoup d’entre eux.
Hormis les annulations de dettes, secteur où quelques gouvernements africains ont reconnu des progrès, le message est le même de Tunis au Cap et de Dakar à Djibouti: tenez parole. «Le G8 n’a absolument pas tenu ses promesses, surtout dans le domaine des subventions aux exportations», a dit le gouverneur de la banque centrale de Gambie, Famara Jatta.
 «Il y a eu beaucoup de rhétorique mais pour ce qui est de mettre de l’argent sur la table, on n’a rien vu», renchérit Amina Ibrahim, qui a conseillé l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo en matière de développement.
Des études récentes montrent que les aides réelles des pays les plus riches destinées à l’Afrique ont, en fait, diminué durant la période 2005-2006. Selon l’organisme indépendant African Monitor, l’apport à ce continent des 22 pays de l’OCDE est passé de 106 milliards de dollars en 2005 à 103 milliards en 2006. En outre, 55% de l’aide totale à l’Afrique n’a profité qu’à dix pays, dont le producteur de pétrole qu’est le Nigeria.
Dans un rapport publié en mai, l’organisation Oxfam estime que si le rythme actuel des donations ne change pas, la hausse de l’aide internationale annoncée à Gleneagles se limitera à 20 milliards de dollars d’ici 2010. Le coût de ce manque d’action «se chiffre en millions de vies perdues du fait de la pauvreté».
Amina Ibrahim fait état d’un cynisme grandissant à l’égard des initiatives du G8. «Il faut qu’ils tiennent leurs promesses sur l’aide et montrent leur degré de détermination», déclare Collins Magalasi, directeur de programme d’ActionAid en Afrique du Sud.
Certains doutent même que le programme diplomatique des pays occidentaux soit aussi nettement axé sur l’Afrique que le disent leurs dirigeants. «L’Occident est occupé par d’autres problèmes internationaux comme l’Irak, le Liban et l’Iran», déclare Ismaïl Maaref Ghalia, professeur algérien de sciences politiques. Par contraste, la Chine, en expansion, courtise l’Afrique avec force visites de haut niveau, prêts et investissements, attirée par ses ressources pétrolières et minières.
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Posté Le : 04/06/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com