Le prochain Sommet des pays du G 20 qui se tiendra à Paris a inscrit à
son ordre du jour la lutte contre l'augmentation vertigineuse des prix des
produits alimentaires de large consommation. La FAO a alerté, en décembre, sur
le risque d'inflation des prix et celui des révoltes dans les pays les plus
fragiles.
La prochaine rencontre au Sommet
des pays du G 20 sous présidence française, qui aura lieu à Paris les 27 et 28
janvier prochain, se penchera, selon le Commissaire européen en charge de
l'agriculture, sur les moyens de contenir l'augmentation des prix de
l'alimentation dans le monde enclenchée depuis l'année 2008 et qui connaît,
depuis la fin de l'année 2010, une brusque accélération. L'inscription à
l'ordre du jour du G 20 de la question des prix de l'alimentation mondiale
répond, ainsi, à l'alerte donnée fin décembre par la FAO, l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, qui s'est inquiétée « de la
brusque augmentation des prix des produits alimentaires qui ont atteint un
niveau record en décembre 2010. » Le drame est que la hausse des prix touche
principalement les produits dits « stratégiques » ou de première nécessité,
tels que le blé, le riz, le maïs, le sucre, les graines oléagineuses et la
viande. « Une augmentation nette de 32 % au second semestre 2010 », indique la
FAO. Les raisons de cet emballement des prix sont dues, selon l'Organisation
onusienne, aux sécheresses, inondations et autres catastrophes naturelles, et
rien n'indique une diminution ou même une stabilisation des cours mondiaux pour
l'année 2011. Au contraire, de nouvelles hausses sont prévisibles. Ces sombres
perspectives conjuguées aux spéculations des « mandataires » mondiaux
provoquent déjà des reflexes protectionnistes, voire spéculatifs, de nombre de
pays à haut rendement agricole. Il est clair que dans cet affolement des
marchés mondiaux ce sont (et seront) les pays dépendant alimentairement qui en
souffriront le plus. Pour rappel, la première flambée des prix en 2008 sur ces
mêmes produits avait provoqué les « émeutes de la faim » en Egypte, Mexique,
Maroc, Sénégal, Philippines, Thaïlande, Indonésie, Haïti, etc. C'est dans ces
conditions de crispation du marché que l'Union européenne doit négocier sa
politique agricole commune (PAC) dès cette année, pour la période 2014- 2020.
Malgré son potentiel de production agricole, l'UE demeure également le premier
importateur agricole pour une liste de produits de base. Son rôle dans le cours
des marchés mondiaux est décisif pour un équilibre et une stabilisation des
prix. La forte demande mondiale, en particulier celle émanant des pays
asiatiques, risque d'aiguiser l'appétit des spéculateurs européens et
américains. Ainsi, si l'UE et les Américains ne s'entendent pas sur des
mécanismes de régulation des prix et de lutte contre la spéculation, le risque
d'une amplification de la crise dans les pays pauvres ou en voie de
développement est quasi certain. Par ailleurs, les marchés occidentaux
eux-mêmes vivront des variations à la hausse. L'UE et les USA sont les premiers
producteurs agricoles mondiaux, mais aussi les premiers importateurs. C'est
dans ce sens que le Sommet du G 20 de Paris ne peut faire l'économie d'un
sérieux engagement pour la stabilité des prix sur le marché mondial de
l'alimentation. L'urgence à laquelle s'attellent les pays du G 20, soit celle
de la régulation du marché mondial de la finance et la lutte contre la
spéculation financière mondiale, n'aura aucun sens si elle ne se traduit pas
par la régulation du premier marché mondial, celui de la « nourriture. » A ce
stade des choses, et pour ce qui concerne l'Algérie, nous ne pouvons éviter de
nous souvenir des déclarations de responsables gouvernementaux qui affirmaient
en 2008 (au moment où la première crise alimentaire frappait d'autres pays
fragilisés) que l'Algérie ne peut être touchée par la crise financière
mondiale, tant ses réserves de change étaient conséquentes. Il ne s'agit pas
d'avoir des réserves de change aussi importantes soient-elles, il s'agit d'organiser
la production nationale, de prévoir les coûts (et les coups) sur le long terme
(les stocks) et de réfléchir à une équation (ou péréquation) des segments de
production nationale, tous secteurs confondus, aux fins d'un équilibre de
l'indice des prix à la consommation. L'Etat étant l'unique vrai « propriétaire
» du marché local, a toute la latitude de jouer sur le transfert de la
fiscalité (TVA notamment) d'un segment de consommation à un autre pour garantir
le soutien aux produits à large consommation, d'une part, et assurer
l'équilibre budgétaire du chapitre consacré à l'importation de ces produits
alimentaires stratégiques. Parce que tant que le gouvernement, c'est-à-dire le
gestionnaire des affaires du pays, continue à répondre aux « agressions » du
marché international mondialisé par des opérations « coup de point », ou une
gestion de l'immédiat et de l'à peu près, il s'épuisera, épuisera ses recettes
d'aujourd'hui et de demain et ne survivra pas à l'émeute.
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Posté Le : 12/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com