Les Européens ont félicité les Africains de leurs taux de croissance, PIB
par habitant, crédit climatique… aucune résolution sérieuse sur les graves
problèmes politiques qui rongent l'Afrique. Cela semble bien arranger les
dirigeants africains.
Etrange climat diplomatique au
Sommet Afrique- Europe. Plus précisément entre l'Union africaine (UA) et celle
européenne (UE). Les deux parties ont déclaré vouloir donner un vrai «sens
politique» à leur coopération et ont pourtant parlé, exclusivement,
qu'économie, argent et commerce. Et ce n'est pas faute aux seuls dirigeants
africains, puisque le président de la Commission européenne, José Manuel
Barroso, a été le premier à défendre les nouveaux Accords de partenariat
économique (APE) avec l'Afrique, tout en annonçant que l'Europe travaille pour
«donner un carde politique aux relations UE-UA.» A ce propos, le chef de
l'exécutif européen a résumé les questions politiques en deux mots : «droits de
l'homme et conflits».
Seulement, ni les chefs d'Etat
africains, ni les responsables européens n'ont identifié, évalué et encore
moins condamné tel ou tel Etat africain ennemi des droits de l'homme. Les deux
partenaires n'ont pas exprimé leurs «inquiétudes» sur les nombreux «conflits»
qui rongent l'Afrique. Aucune résolution n'a été prise ou exprimée sur les
situations, justement, politiques incertaines en Côte d'Ivoire, en Guinée, au
Soudan et pire, aucune allusion aux dramatiques événements qui ont frappé les
populations civiles sahraouies sous occupation marocaine. L'hôte de ce Sommet
Afrique-Europe (qu'une partie des chefs d'Etat et de gouvernement européens
n'ont pas daigné honorer), le Libyen Maâmar Kadhafi, croit, lui aussi, que
seule une aide de 5 milliards d'euros par an à l'Afrique constituerait un frein
à l'immigration clandestine des Africains vers l'Europe.
80 chefs d'Etat, de gouvernement
et de hauts responsables africains et européens réunis en Libye pour déclarer
vouloir donner un «cadre politique à leurs relations» et sortir avec des
résolutions, pour importantes qu'elles soient, ne soulèvent aucune allusion
d'ordre strictement politique, alors que les droits de l'homme, les guerres
civiles et militaires sont le lot de populations africaines entières. Plus
déroutant, le Maroc qui ne fait pas partie de l'Union africaine (en raison de
son occupation du Sahara Occidental) a participé à ce troisième Sommet UA-UE,
en envoyant son Premier ministre à Tripoli. Est-ce là, la raison pour que le
Sommet se taise sur l'occupation et la répression au Sahara Occidental par les
forces marocaines ? A bien y observer, la tentation est grande pour croire que
ce sont les pays africains qui sont à l'origine du silence du Sommet sur la
question sahraouie. L'Europe s'est déjà prononcée la semaine dernière sur la
question par son instance «politique», le Parlement européen.
Ainsi, les Africains se sont
satisfaits des éloges européens sur leur taux de croissance de plus de 5% prévu
pour 2011, de leur PIB par habitant qui augmente de 6% par an et de leur grand
crédit climatique qui ne dépasse pas plus de 3% de la pollution mondiale
(émission à effet de serre). Par contre, ils n'ont pas pu infléchir les
Européens sur leur offre des nouveaux Accords de partenariat économique (APE),
entrée en vigueur en janvier 2008. Accords que les Africains refusent parce
qu'ils les pénalisent grandement, mais sont contraints de les accepter. C'est
sans doute la leçon première de ce 3ème Sommet UA-UE : l'Europe impose à son
avantage ses lois économiques en matière de coopération à l'Afrique, et
développe en parallèle un discours politique qui ne choque pas trop les dirigeants
africains dans la gestion de leurs pays respectifs. Cela arrange bien les
dirigeants africains qui n'aiment pas trop qu'on leur parle de droits de
l'homme, de liberté, d'occupation, etc.
Finalement, le troisième Sommet
Afrique-Europe est bien un Sommet politique puisqu'il réduit l'origine des
misères et violences en Afrique aux seuls facteurs économiques. 5% de
croissance en Afrique, c'est-à-dire près de 5 fois celle de l'Europe, et
pourtant la paix et la liberté ne sont pas les bienvenues en Afrique. C'est
donc politique et l'Europe a raison de le souligner.
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Posté Le : 01/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com