Algérie

Soltani répond à Belkhadem «Nous n'acceptons pas les menaces»



L'essentiel du débat avec Boudjerra Soltani, président du MSP, invité samedi de l'émission forum de l'ENTV, a tourné autour des questions de l'alliance présidentielle, la révision de la Constitution et un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Boudjerra Soltani ne fait pas dans la demi-mesure quand il sera invité à positionner son parti par rapport à cette actualité. En effet, dans une sorte de mise au point, le patron du MSP répondra à Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, qui avait, la semaine dernière sur ce même plateau, déclaré que les partis composant l'alliance présidentielle ne pouvaient, au risque de faire voler en éclats cette alliance, se soustraire à l'appel à une révision de la Constitution et un troisième mandat pour le président de la République Abdelaziz Bouteflika. « Nous n'acceptons pas les menaces ! » dira Soltani, précisant en ce sens qu'on ne peut rien imposer à son parti et que si l'alliance est conditionnée par des impératifs, alors qu'elle disparaisse. Même si l'invité de l'émission n'a à aucun moment parlé d'une position du MSP qui serait contre la révision de la Constitution, il n'en a pas moins démontré que son parti ne partage pas nécessairement à ce propos la démarche du FLN. « Nous ne sommes pas un wagon, nous sommes une locomotive ». Boudjerra estime toujours dans ce contexte précis qu'il ne faut « pas mettre la charrue devant les boeufs ». « 2009 c'est encore loin » devait-il préciser. Non sans souligner qu'avant tout à ce sujet la parole revient au peuple et que c'est à lui de décider s'il y a lieu de modifier la Constitution pour introduire l'option d'un troisième mandat. Dans cette veine, il expliquera que le MSP préfère le référendum à la consultation du Parlement, estimant que c'est la meilleure manière de concrétiser la souveraineté du peuple. A la question de savoir pourquoi il n'a pas encore appelé à la révision de la Constitution, Soltani soutiendra que, constitutionnellement, seul le président de la République est habilité à le faire. Et si Abdelaziz Bouteflika se présentait à l'élection présidentielle sous la bannière du FLN ? «Si le président se présente au nom du FLN, nous aurons une autre position», répondra le patron du MSP, en précisant que son parti l'avait soutenu au sein de l'alliance. Sur cette lancée, l'orateur ne manqua pas de souligner que Abdelaziz Bouteflika n'est que le président d'honneur du FLN, «cela ne l'empêche pas d'être le président d'honneur de tous les partis et de toutes les associations». Soltani estime que l'actuelle Constitution «est excellente». «Peut-être, devait-il ajouter, elle nécessite quelques petits changements, manière de faire sauter les verrous qui limitent les libertés », sans toucher à l'essentiel. Il parlera de l'ouverture de l'audiovisuel, de la liberté syndicale, d'association sans s'empêcher de dire que, aujourd'hui, il y a monopole sur le syndicat. L'invité du forum de l'ENTV défendra la réconciliation nationale en estimant que les textes qui la fondent peuvent évoluer et il en voudra pour preuve la possibilité donnée par la charte pour la paix et la réconciliation au président de la République de prendre de nouvelles mesures qu'il estimera nécessaires. « Nous sommes pour la réconciliation nationale parce que nous sommes une partie des victimes de la tragédie nationale », a souligné le chef du MSP. S'exprimant sur les derniers attentats qui ont secoué le 11 décembre Alger, Soltani persiste et signe en disant qu'il y a derrière une main étrangère. Et d'expliquer que la nature de l'attentat, la quantité des explosifs utilisés, les lieux hautement sécurisés qui ont été ciblés, concourent à dire que c'est l'oeuvre de gens aguerris à ce genre d'opérations. Interrogé sur le fait que son parti n'a toujours pas réussi à prendre suffisamment de postes importants au sein des hautes sphères de l'Etat, Soltani affirmera, « on nous a dit qu'il nous faut d'abord nous acclimater avec la réalité nationale et le contexte international ». Dans le développement qui suivra, l'orateur expliquera qu'un parti islamiste fait encore peur, et qu'un islamiste est assimilé à un terroriste potentiel. Pourtant, dira-t-il, l'Islam n'a rien à voir avec ces idées fausses. Il rappellera que lorsqu'il avait pris les rênes du ministère du Travail, «on avait dit que ce «barbu» allait transformer le ministère en une annexe de la mosquée et que toutes les femmes qui y travaillaient allaient fatalement porter le hidjab». Enfin, il exposera son point de vue sur la manière de sortir de la crise que traverse le pays en insistant sur l'organisation d'une vaste campagne de sensibilisation qu'il qualifiera de prise de conscience. Une campagne de sensibilisation qui doit s'articuler, selon Boudjerra Soltani, sur un travail médiatique, un travail d'exégèse qui doit faire connaître aux citoyens, les éclairages des grands ulémas de l'Islam, sur les actions gouvernementales, en vue d'améliorer les conditions socioéconomiques du citoyen, sur un travail qui doit tendre à bannir toute exploitation au sein de la société.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)