Algérie

Solidarité sélective '



Le monde est bien injuste. Preuve en est donnée une nouvelle fois par le drame que vivent les Pakistanais, affectés par les plus graves inondations que leur pays ait connues. Il n'est désormais plus question de dire que le monde ne sait pas, ou qu'il n'a pas pris l'exacte mesure de cette catastrophe. Du jamais vu dans aucun autre pays. Ces inondations ont fait plus de 1600 morts, mais aussi 20 millions de sinistrés, des centaines de villages et autres infrastructures détruits. Un Pakistanais sur 10 en a été affecté. Et un cinquième du pays est sous les eaux, avec ce que le Pakistan compte de plus précieux, ses terres fertiles noyées. La zone affectée est de la taille de l'Angleterre. Ces statistiques macabres ne s'arrêtent pas, car les autorités pakistanaises ainsi que les secouristes sur place craignent ce qu'ils appellent déjà « une seconde vague de morts » que pourrait provoquer le manque de secours, sinon leur totale absence.Le Pakistan, qui a très rapidement lancé un appel à la solidarité internationale, savait que ses moyens étaient limités. Pourtant, d'autres pays parmi les plus riches de la planète et sans connaître une catastrophe de cette ampleur ont eu plus de chance. La solidarité internationale s'est montrée beaucoup plus généreuse avec eux. Quelle logique, ou plutôt quelle injustice ! Ici, on s'empresse de signer de gros chèques, et là on traîne les pieds avec au bout de trois semaines une aide sans commune mesure avec la catastrophe. Près d'une semaine après avoir lancé un appel à l'aide internationale de 460 millions de dollars pour secourir d'urgence les 6 millions de sinistrés pakistanais les plus vulnérables, l'ONU n'en avait récolté hier que le tiers.Le monde serait-il devenu à ce point sinistrement sélectif ' Certains tentent une explication. On fouille alors dans les poches des potentiels donateurs, pour laisser entendre que l'aide massive à Haïti avait tout emporté. Mais à force de perspicacité, il en est qui considèrent que la raison pourrait être autre que dans les moyens. Des experts parlent déjà de « déficit d'image ». Un euphémisme pour ne pas accuser directement le Pakistan de soutenir les talibans, alors que lui s'emploie à démontrer le contraire. Au-delà des explications politiques peu convaincantes, le Pakistan ne semble pas jouir de proximité « sentimentale » avec le monde occidental, surtout en cette période estivale'Quelle que soit la considération, ne rien faire, c'est condamner à une mort certaine des millions de Pakistanais. Quatre millions d'enfants sont menacés et les ONG sur place voient chaque jour leurs moyens s'épuiser sans être renouvelés. Ceci, sans tenir compte de ce qu'il faudra engager comme moyens pour la reconstruction. C'est là, diriez-vous, une autre question. Mais l'on voit mal comment elle sera réglée par un Pakistan en butte à une spirale de violence qui peine à sortir de son sous-développement chronique.


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