Algérie

Solidarité d'abord, intolérance ensuite et racisme finalement


Solidarité d'abord, intolérance ensuite et racisme finalement
A. LemiliIl y a quelques semaines, la Tribune se faisait l'écho de réactions agressives d'individus épars de la population locale à l'encontre des réfugiés maliens lesquels, progressivement et en nombre, s'installent à Constantine.À la veille de l'été, des gens prenaient contact avec notre correspondant dans le but de connaître quelle était la position officielle de l'Etat ou de ses représentations décentralisées par rapport à cette migration, bien accueillie au départ par les habitants de la ville des Ponts, mais très mitigée, pour ne pas dire carrément rejetée et à la limite de l'agressivité depuis quelques jours. À ce sujet, un important promoteur nous avait demandé au téléphone s'il «...n'y avait pas lieu de s'inquiéter sur ce qui se passe» et surtout «...si les pouvoirs publics maîtrisaient réellement la situation» voire même «...s'ils étaient au courant de tout cela».Notre démarche auprès de la direction de wilaya de sûreté a pour le moins pris une allure abracadabrante, tant l'officier chargé de la communication nous a littéralement mis à la renverse en s'interrogeant à haute voix sur les raisons de la démarche professionnelle engagée et surtout celles (raisons) qui nous dérangeraient sur la présence des centaines de réfugiés, d'autant plus que leur nombre allait croissant de jour en jour, et pis encore la présence d'enfants en très bas âge et probablement nés au cours du séjour de leurs parents sur le sol national. L'entretien avec l'officier de police s'est clos inachevé, ce dernier n'étant pas en mesure de répondre à nos sollicitations a préféré botter en touche et nous demander de repasser quelques jours plus tard une fois obtenues les informations «convaincantes» auprès de la hiérarchie. L'inquiétude de notre correspondant était légitime non pas par la présence croissante des réfugiés maliens, mais surtout par la gestion de leur situation : à part les dons, l'aumône des Constantinois, comment aboutissaient-ils à Constantine' Une fois sur place où vivent-ils la nuit tombée sinon à partir de l'instant où ils ne sont plus visibles' Dans certaines de ses régions le continent africain est réputé par l'existence de fléaux sanitaires particuliers, dont le risque de transmissibilité n'appartient pas à la vue de l'esprit, et donc si ceux-ci étaient préalablement répertoriés et pris en charge par les structures concernées 'Or, tous ces questionnements qui n'étaient que le reflet d'une partie négligeable de la population, prennent aujourd'hui une autre ampleur dans la mesure où ils se sont inévitablement étendus au reste de ladite population et, plus sérieusement encore, donnent des indications effectives sur unprobable risque de déflagration sociale en ce sens que, désormais, sur l'ensemble de la wilaya, les Constantinois font montre d'un ras-le-bol d'autant plus que le déni d'une solidarité proverbiale qui en faisait une qualité humaine séculaire s'est transformé en attitude raciste crue et malheureusement témoignée sans fard à l'endroit de ces victimes de l'existence que sont les hôtes conjoncturels de l'Algérie.Bien entendu et prenant un superbe raccourci, des médias évoquent «...une bombe à retardement» ou encore de «...graves dangers aux frontières avec les pays africains voisins», sinon «...les réfugiés maliens ou le risque d'épidémie contagieuse», jetant ainsi le plus grand doute au sein de la population locale comme en témoigne la réaction de cet homme interpellant un autre dont l'enfant s'est assis à côté d'un jeune réfugié pour lequel il semblait avoir de la sympathie : «êtes-vous fou, pour quelle raison vous laissez votre enfant s'approcher de ce Noir' Ne lisez-vous pas les journaux '» Un genre de réflexion audible également dans les transports où d'aucuns n'hésitent plus à parler du «virus Ebola en Algérie... de femmes et jeunes filles sidéennes qui auraient eu des rapports consentis ou forcés avec des jeunes algériens évaporés depuis dans la nature», et à ces réflexions se joint hélas une autre qui n'est pas sans rappeler des propos célèbres imputables à un ancien président français pour qui chez les Africains «...il y a le bruit et surtout les...odeurs». Des attitudes et des affirmations pour le moins équivoques et juste «bonnes» à monter en spirale une sorte de psychose dont il faudra, un jour ou l'autre, s'interroger sur la finalité et surtout sur ceux qui pourraient en être à l'origine.Le Constantinois raciste ' Incontestablement il en montre la facette à la première occasion et dès l'instant où il s'estime bousculé dans son «confort» habituel.Quoi qu'il en soit, si des mesures et surtout rationnelles ne sont pas prises pour l'encadrement de ce mouvement migratoire, il y a probable risque de dérive.A. L.


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