Algérie

Solidarité bien ordonnée



Dans les pays francophones, le ramassage des écoliers est assuré par des cars portant l'inscription «Transport Scolaire» ; en Amérique et chez les anglophones, des bus arborant l'enseigne «School Bus» remplissent cette tâche; en Algérie, les «Karzan» turcs, affectés à cette fonction primaire et essentielle, affichent l'intrigante pancarte «Solidarité» .  Une interprétation historique me fît évoquer le Syndicat polonais «Solidärnosc» qui, peut-être reconnaissant de la sympathie des Algériens pour sa cause, un moment au pouvoir, avait offert les bus. Mais la Pologne n'exporte plus, à part un grand Pape dont le souvenir efface le piètre successeur et les Lada Polski, que des plombiers.  Un ami d'une plus grande intelligence, et je ne souffre pas d'en manquer car ce n'est ni un délit ni une tare depuis qu'un ministre, qui avoua ne pas en être assez pourvu pour empêcher le séisme financier Khalifa, se trouve promu à un portefeuille-école dans le monde, la diplomatie nationale qui a, peut-être, déjà entamé son déclin avec son maladroit prédécesseur, me propose une intéressante hypothèse.  Le ministère de la Solidarité, d'un esprit concurrent, soucieux de ne pas perdre un mérite au profit d'un collègue en charge de l'école, tient à afficher sa maîtrise d'un ouvrage que l'adjectif scolaire pourrait attribuer à l'administration de l'éducation.  Mais une hypothèse moins drôle s'impose; le Président a déclaré qu'il est plus facile pour un citoyen algérien d'être reçu par l'ONU que par le wali de sa région.  Il est à craindre que les administrateurs, à tous les niveaux, qui se barricadent derrière leurs résidences et bloquent toute circulation pour leur moindre déplacement, ne dérivent vers des comportements de république bananière et une mentalité de gouverneur colonial en charge de peuplades souffrant d'un manque de solidarité, sinon de charité que le premier orage, comme à Bab El-Oued, le moindre tremblement de terre, comme à Boumerdès ou la première crue d'une rivière comme à Moulay Slissen, emporte.  Toute l'Algérie a pleuré le jeune chef de daïra emporté par l'oued, mais le sacrifice de ce chahid porte un message à la jeunesse désespérée; une nouvelle race de chefs renaît, celle de Ben-Mhidi, Lotfi, Khémisti, Medeghri et tous les autres.




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