Solidarité à l'algérienne Sacré - sucré - salé

Le geste de l'espoir : ils sont jeunes, étudiants et totalement dévoués à la cause sacrée de la solidarité à l'algérienne. Depuis le premier jour du mois de Ramadhan, à l'approche de l'Adhan, ils se mettent au service exclusif de leurs frères et s'urs de passage le long de l'autoroute Est-Ouest, à hauteur de la bretelle desservant Chelghoum Laïd et Mila, à l'entrée d'El Eulma, Sétif et Bordj Bou-Arréridj, jusqu'à Bouira. Une longue chaîne humanitaire essaimant l'itinéraire des vieux routiers au dur labeur, des voyageurs en bus ou en voiture, le plus souvent en famille. Mission : redonner sourire et foi, réinventer l'espoir dans un environnement transfiguré par le terrorisme routier, la délinquance en haute circulation et la perversion des valeurs immuables de l'Algérien foncièrement généreux. « Saha ftourkoum », initié par Nabil Tennache, est le geste qui fait honneur aux traditions algériennes. Une moyenne de 200 kits /jour, constitués d'un lot de datte, de croissant, de fruit, de jus et d'eau minérale, qui est proposé pour la rupture du jeûne. Cette bonne et vieille tradition de solidarité, née des entrailles de l'Algérie combattante, ne peut laisser en aucun cas indifférent à la tragédie vécue par le peuple syrien fuyant les affres de la guerre et trouvant, à Sidi Fredj, le gîte et couvert de la dignité. La main secourable : des aides alimentaires (30 tonnes de denrées et de médicaments), envoyées à bord d'Air Algérie, ont pris le chemin de la Jordanie pour alléger un tant soit peu les souffrances des 450.000 réfugiés syriens entassés dans les camps du dénuement, notamment celui de Zaâtari (115.000 à 150.000 âmes), fonctionnant à plein régime et considéré comme une « ville en exil » parsemée de tentes et de préfabriqués à perte de vue dans le désert jordanien. Dans cette guerre qui dure, la situation dramatique des 1,8 million de réfugiés syriens (550.000 au Liban, 387.000 en Turquie, 158.000 en Irak), refoulés en définitive par des pays voisins qui n'en peuvent plus d'accueillir la marée humaine grandissante, impose le choix incontournable du c'ur de l'Algérie aux antipodes du choix des armes de la discorde.