Algérie

Solidaires mais toujours solitaires



Les attentats de Dellys et de Batna ont été spectaculaires,la réponse de l'Etat a été «plate». L'émotion suscitée chez les Algériens parles images de ces massacres, le violent souvenir de la décennie des cimetièreset la colère de ceux qui redécouvrent que la «question» n'est pas close, sesont retrouvés refroidis, juste après la discours de Bouteflika à la nation,quelques heures après l'attentat de Batna, par les logorrhées officiellespuisées dans les registres usés du «terrorisme résiduel», des «derniersgroupes», du «se rendre ou mourir» et des quelques expressions genre «violenceen déclin».Plus inhabile sera peut-être la décision de confectionnerdes marches populaires et des meetings «assis» qui, de par leur parrainage parl'UGTA et par le traitement de faveur administrative dont elles bénéficientface au verrouillage strict qui frappe toutes les autres expressions du genrelorsqu'il s'agit de manifester pour le pain, l'eau, le logement ou pour leparti d'opposition X, ont créé une sorte d'effet de démobilisation constatéedans le nombre de ceux qui ont répondu à l'appel des manifestations. Uneréponse populaire molle dont, bien sûr, il ne faut tirer la conclusion bête del'insouciance des Algériens face au terrorisme, mais dont il faut constaterl'inhabilité, sinon l'inefficacité pour re-mobiliser les foules contre leterrorisme, dont il est inutile de démontrer le crime par le nombre debanderoles de ceux qui le refusent.On aura compris qu'il s'agissait d'une formule pourdémontrer le soutien populaire à la Réconciliation et à Bouteflika, mais on auraitespéré quelque chose de plus « propre » que la simple convocation des foules etde plus poli que l'usage concomitant d'une émotion pour gonfler ses rangs etpeupler les plans serrés des caméras. Les derniers attentats, comme ceux quiont ciblé le Palais du gouvernement le 11 avril dernier, imposent des réponsesplus réfléchies que la simple réaction à une polémique sur la Réconciliation ouun simple réflexe de parti unique pour faire contrepoids au doute et à ladémobilisation supposés. Les Algériens ne remettent plus en cause cette«Réconciliation», même sous sa formule injuste et partielle de pardon par «lehaut» et selon des critères d'oubli et d'auto-amnistie, plutôt que de pardon etde réparation, et ils ne sont plus intéressés par l'offre idéologique degroupes armés qui marchent sur leur corps et leurs cadavres.Il reste cependant que la solution n'est pas de rassemblerles Algériens dans un seul endroit pour leur faire scander des formules mais deles rassembler autour d'une autre idée que celle de la réconciliationirréversible et du « terrorisme en déclin ». Le terrorisme ne va pas vaincremais ne va pas perdre. Il fait partie du réel de l'Algérie, comme celui dequelques autres pays arabes comme du réel du monde d'aujourd'hui. Crier à safin imminente ne sert qu'à décrédibiliser les orateurs et tirer bénéfice de sescrimes est un commerce ignoble. Ce qu'il faut chercher peut-être, c'est unesorte de solidarité meilleure que celle que l'on fabrique autour de sa proprepersonne et un élan qui ne masque pas le reste des hold-up démocratiques sousprétexte de l'obligation d'être tous unis face à la menace.


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