Algérie

Solidairement vôtre, disent-ils



Quand les bruits de couloirs ne sont plus audibles, nous nous faisons un plaisir de vous les faire parvenir. Musique.

C'est à se demander à quoi servent les «Sommets européens», sinon à confirmer ce que rapportent, des jours, des semaines ou des mois auparavant, la presse et la «rumeur» publique. Très attendu, le dernier Sommet européen de jeudi et vendredi a mis en évidence l'impossibilité des dirigeants européens à se libérer du pouvoir des banques privées et du jeu des places boursières, ainsi qu'à se défaire de la pression de l'idéologie populiste qui gagne, chaque jour un peu plus, l'Europe. Cela donne à la fin des communiqués officiels du Conseil européen (chefs d'Etat et de gouvernement) teintés de démagogie et habillés d'une langue de bois si caractéristique aux gouvernants des pays qualifiés de non-démocratiques. Voyons donc.

Journalistes et observateurs politiques attendaient des dirigeants européens un geste concret de solidarité envers le «printemps arabe» qui prouverait la sincérité de leur soutien et leur foi dans la revendication démocratique des peuples arabes. Surprise ! Le Sommet de Bruxelles a appelé à plus de «vigilance» aux frontières de l'UE en renforçant les moyens de son agence Frontex contre les migrants sud-méditerranéens fuyant la guerre et les violences.

«Il y a un grand fossé entre la rhétorique sur le printemps arabe et la réalité sur le terrain en Europe», constate à la fin du Sommet le communiqué de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch. C'est peu dire lorsqu'on sait qu'à ce jour, pas plus de 1.000 (mille) migrants de la Libye en guerre sont encore concernés par un problème de régularisation. Ne résistons pas à rappeler qu'en ce même moment, la Turquie accueille plus de 12.000 réfugiés et la Tunisie 320.000 ! En revanche, l'UE a été prompte à voter une série de condamnations des régimes syrien et iranien. Pour justes que soient ces condamnations et sanctions, elles ne peuvent empêcher le ressentiment d'une grande hypocrisie et de déception chez les peuples arabes.

Et comme si l'armada de Frontex ne suffisait pas, les dirigeants européens s'inquiètent de leurs (ex) frontières internes : ils confirment le rétablissement des contrôles «temporaires» des Etats membres de leurs frontières nationales. Un double sas de contrôle des migrants.

L'aide européenne au printemps arabe ? Quelques millions d'euros « prêtés» sur le moyen ou le long terme et des conteneurs de vivres, médicaments et friperie pour les organisations humanitaires. Ce qui s'apparente, désormais, à un repli sur soi de l'UE à des prolongements en Europe même. Voyez le traitement fait à la Grèce, inventrice de la démocratie et gardienne des mythes occidentaux : une mise à sac de ce qui reste de son économie et de son histoire, puisque même l'Acropole d'Athènes, symbole de la Grèce antique, est mis en vente ! Les frères européens ne prêteraient les 110 milliards promis que si la Grèce met en vente ports, aéroports, transports publics, hôpitaux, réserves d'eau, sites naturels et archéologiques, administrations publiques… Autrement dit, mettre l'avenir des Grecs entre les mains des banques privées et des fonds d'investissement.

Les banques privées détiennent 30 milliards de la dette grecque et peuvent, si elles le souhaitent, faire un geste envers ce pays. Quand on sait que ces mêmes dirigeants européens ont, lors de la crise financière de 2008, très vite ouvert les mannes des trésors publics pour leur prêter plus 1.600 milliards d'euros, cela donne à réfléchir sur le rôle des dirigeants européens : élus des peuples, ils sont devenus les agents commerciaux de la planète finance du monde. Et dans cette dernière, la guerre des monnaies fait rage.

Ce n'est pas sans raison que le pays de l'UE le plus intransigeant avec la Grèce est la Grande-Bretagne : elle n'est pas dans la zone euro et a pour principal allié commercial les USA. A leur tour, les Américains, peuple le plus endetté du monde, font pression sur l'UE pour qu'elle règle, vite et bien, la crise grecque. Ils craignent les effets d'un effondrement du système financier de la zone euro. Non pas qu'ils soient défenseurs de la monnaie européenne, mais un euro maintenu au-dessus du dollar favorise, actuellement, les exportations américaines et donc leur balance commerciale.

C'est dans ce climat de peur d'un crash de la zone euro (17 pays) que le commissaire à l'économie de l'UE, Olli Rehn, vient de proposer l'idée pour l'émission «d'euro-obligations», soit des titres communs à la zone euro. Plus simplement, il s'agit de mutualiser la dette européenne entre les 27 Etats membres. Imiter d'une certaine manière les USA qui ont, eux, fait fonctionner la planche à billets cette année pour plus de 600 milliards de dollars en soutien à leurs banques. Malheureusement, la Grande-Bretagne et surtout l'Allemagne, première économie de l'UE et socle de l'euro, répugnent à partager les dettes des autres membres de la famille européenne. Ces deux pays refusent catégoriquement l'idée des euro-obligations. Le français Nicolas Sarkozy n'est pas du tout contre. C'est logique, il magnifie le libéralisme sans limites et les puissances de l'argent. Et c'est le principal défenseur d'une Europe forteresse contre les immigrés du Sud. C'est logique.




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