Algérie

SOIT DIT EN PASSANT



Par Malika Boussouf
[email protected]
J'étais dans un taxi ce jour-là , aux alentours de la Grande-Poste. Médecins résidents, pharmaciens et dentistes occupaient l'esplanade et le chauffeur que l'on pouvait penser indifférent à l'ambiance qui y régnait s'est mis à m'expliquer pourquoi ces derniers étaient en colère. Plus surprenant encore, il soutenait le rassemblement, argumentant, anecdotes à l'appui, et pas des plus sympathiques.
Un chauffeur de taxi, c'est quelqu'un qui vous donne une température fiable. Il échange à longueur de temps avec les personnes qu'il transporte. Et lorsque les gens à bord se révèlent attentifs à ce qui les entoure, il se laisse prendre au jeu et partage avec eux ce que d'autres lui ont confié précédemment.
Il lui arrive aussi souvent de donner son avis sur ce qui se passe ici et là , et sur les hauts responsables que la crise inquiète mais pas pour les mêmes raisons que ceux d'en bas. Il est d'accord avec les revendications des médecins.
«A quoi ça sert d'aller travailler dans un bureau quand vous n'avez même pas de stylo pour écrire ' Ces médecins, pourquoi on veut les obliger à aller soigner dans des hôpitaux laissés presque comme qui dirait à l'abandon '»
Et tandis que mon interlocuteur s'interroge à haute voix sans attendre mon approbation, je me dis, sans hésitation aucune, qu'il a plus de choses à me dire que moi à lui apprendre. Mais je m'y risque quand même, histoire d'en savoir plus. «L'Etat estime que ces médecins-là doivent lui rembourser ce qu'il a dépensé pour les former. Pour en faire de bons spécialistes.» «Alors, là , laissez-moi vous dire madame, enti niya walla wachen, vous êtes naïve ou quoi ' Et de qui ils se moquent tous ' Comment l'Etat va faire pour se faire rembourser si il les envoie se tourner les pouces dans des endroits où il n'y a ni médicaments, ni instruments, ni quoi que ce soit pour se roder en tant que spécialiste ' Il faut dire la vérité aux Algériens ! Si les malades viennent se soigner ici, c'est qu'ils n'ont pas les moyens de le faire chez eux. Alors, je vous le dis franchement, je ne suis pas pour le n'importe quoi mais quand nos enfants ont raison, ils ont raison.»


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)