SOIT DIT EN PASSANT

Par Malika Boussouf
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Le texte qui interdisait, depuis 44 ans, aux femmes tunisiennes d'épouser un non-musulman vient d'être abrogé. Magnifique consécration du mouvement féminin tunisien qui non seulement ne lâche rien de ses acquis, mais engrange surtout de nouvelles victoires alors même que l'islamisme rampant ne cache pas ses visées hégémonistes. Ce qu'il faut retenir de ce bel exploit, c'est que les femmes tunisiennes constituent, et ce n'est pas nouveau, une force incontournable avec laquelle le pouvoir sait devoir compter.
En creusant la distance entre elles et les Algériennes ou les Marocaines, elles ne renoncent cependant pas à l'espoir d'entraîner dans cet élan leurs congénères maghrébines. Je n'ai pas du tout l'intention de jouer les rabat-joie mais à l'allure où mes compatriotes disent haut et fort leur soumission à une autorité masculine dont elles louent allègrement le pouvoir, j'ai un peu de mal à les imaginer réclamant un droit tel que celui qui vient d'être arraché par les Tunisiennes. Comment une femme qui trouve normale la violence masculine et va jusqu'à argumenter autour du fait que son homme la batte pour corriger ce qui en elle ne file pas droit, pourrait-elle prétendre sortir d'un asservissement qu'elle alimente au quotidien ' Comment une femme qui part à la chasse aux électeurs en se voilant jusqu'au visage peut-elle juger prioritaire un combat tel que celui mené par ses semblables tunisiennes ' Il devient, à vrai dire, en Algérie, de plus en plus difficile de rivaliser avec les luttes qui se mènent ailleurs.
Ce nouveau pas tunisien en faveur de la gent féminine nous fait toucher du doigt la complexité de la situation algérienne et prendre la mesure des énormes efforts à déployer pour se rapprocher de ce dernier.
Dans un pays où des illuminés affirment que la réussite scolaire des filles est une violence à l'encontre des garçons, qu'à cause d'elles nos mâles en devenir réussissent moins bien et que cela menace l'équilibre de la société, vous comprenez qu'avec autant d'opposants à leur épanouissement, celles qui rêvent d'émancipation ne sont pas prêtes à s'imposer en tant que les égales des hommes.