Dans sa conférence de presse sanctionnant la clôture de la troisième
édition du Festival du cinéma arabe, Hamraoui Habib Chawki, commissaire de
cette manifestation, n'a pas caché sa satisfaction. Pour juger le succès de
cette édition qui a soulevé des torrents de critiques, même de la presse
spécialisée moyen-orientale, il évoquera l'affluence du public. Mince argument
puisqu'on peut mettre cet engouement sur le sevrage culturel et artistique subi
par la majorité des citoyens. D'autre part, une bonne partie du public est
venue voir en chair et en os des stars et vedettes que les chaînes
satellitaires ont fini par rendre familières aux millions de téléspectateurs.
Evoquant les réalisations, il
parlera de la création incessante d'un site web regroupant tous les directeurs
des festivals du monde arabe pour éviter les enchevêtrements des
programmations. A l'ère des NTIC, la création d'un site web, à la portée de
n'importe quel internaute pouvant suivre correctement des recommandations,
s'avère un projet commun à des responsables du cinéma arabe !! Voilà qui ne
manquera pas d'étonner.
Sur sa lancée, l'ex-patron de
l'ENTV promettra une grosse surprise pour la quatrième édition. Tout comme il a
promis l'ouverture de nouvelles salles de cinémas à Oran. Le commissaire du
festival s'excusera sur la qualité du son de la salle Es-Sâada, imputée à
l'entreprise constantinoise qui s'est chargée de sa restauration. Mais Hamraoui
n'a pas jugé utile de s'exprimer sur les critiques qui lui ont été adressées
tout au long de ce festival. Avec un air suffisant, il se contentera de dire
que les critiques l'indiffèrent.
Pourtant, des questions de fond
sont là sur la table. Les élites oranaises réclament au moins un droit de
regard sur une manifestation engageant le nom de leur ville. Ils s'interrogent
sur la tutelle de ce festival, autrement dit sur ce commissariat dont on ne
connaît même pas la composante humaine exacte. On dresse des comparaisons avec
des pays voisins où les festivals sont inscrits dans des stratégies culturelles
et économiques. Bref, on est déterminé à en finir avec l'ère de la grande
«zerda» sans lendemain avec les deniers publics.
Pour conférer un caractère
populaire à cette manifestation, ses organisateurs ont fait appel à l'aura de
cheb Billal pour la soirée de clôture. En effet, une foule immense a investi
jeudi soir le Théâtre de verdure pour écouter et danser sur les chansons de
Billal, l'enfant insoumis du raï. Mais il a fallu qu'un spectateur déjoue la
vigilance des gardes ramenés pour protéger la sono de «Maghreb Médias» pour
hisser sur scène le drapeau du MCO, pour que la fête prenne une autre tournure.
Elle est devenue carrément une fête des Hamraouas, rompant le pont avec les
organisateurs qui étaient plus une curiosité pour eux.
D'ailleurs, captant les
sollicitations de son public, Billal ne manquera pas d'évoquer à plusieurs
reprises le club oranais. Mieux encore, il puisera dans son répertoire de
vieilles chansons que les jeunes, filles et garçons, affectionnent. « Lilla
roubla» (Cette soirée on fait la roubla) a fait pratiquement danser tout le
monde. Y compris Hamraoui et quelques-uns de ses invités de marque cantonnés
dans une sorte de zone verte. Ce qu'on peut retenir sur la prestation de
Billal, c'est qu'elle a été un véritable concert de musique tranchant
totalement avec les soirées qui avaient précédé. D'un autre côté, cette soirée
a insidieusement remis sur le tapis la question du transfert du festival du raï
vers Sidi-Bel-Abbès. Dans ce sens, signalons que Wassiny Laaredj, écrivain de
renommée et membre du jury du festival, a jugé de «criminel» ce transfert.
Mais en ouvrant les portes du
Théâtre de verdure au tout venant, sans le moindre égard pour ses capacités
d'accueil, les organisateurs ont couru un grand risque. D'ailleurs, quelques
rixes ont éclaté ça et là. Mais la majorité du public, très bigarré puisqu'il y
avait les familles, les couples, les jeunes filles non accompagnées et les
bandes de jeunes, ont fait preuve de savoir-vivre ensemble.
Encore une fois, la thèse
diabolisant la foule, surtout quand elle est à majorité de jeunes, s'est avérée
fausse. C'est probablement cette crainte de la foule qui a poussé les
organisateurs à mettre un terme à cette soirée vers minuit. Une heure où le
Front de mer était encore bondé de monde. Ce qui n'a pas manqué de frustrer les
centaines de jeunes venus pour s'éclater. Hamraoui et ses invités étaient
attendus dans un autre lieu, où une kheima en plein air leur a été dressée.
Pour une autre soirée. Plus sélect.
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Posté Le : 01/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com