Sodas et eaux minérales

Au cours d'un débat public, le président Tebboune a eu une réplique sévère mais juste quand on lui avait suggéré l'idée d'exporter des automobiles. Tranchante, sa réponse se résumait à indiquer que l'on n'exporte pas du vent. Avant lui, quelques années auparavant, Bouteflika non sans dépit avait pesté contre la floraison spectaculaire des unités de production de soda et d'eau minérale rendant l'Algérie championne de l'écoulement des limonades et des eaux naturelles. Les deux implacables constats présidentiels, étalés à l'opposé des fanfaronnades habituelles, ne décrivaient qu'avec franchise un état des lieux connu de tous et situaient avec justesse le manque de hardiesse de l'économie algérienne et le haut degré de faiblesse des opérateurs économiques.Dans leur majorité, ces derniers ne sont sans doute pas totalement en cause car leurs profils ont été forgés par plus d'un demi-siècle d'inconséquences et d'impondérables politiques. Les uns objectifs, d'autres subjectifs, ils ont creusé le sillon d'une culture rentière ne permettant pas à la performance d'avoir le premier rôle. Cependant, quelques rares acteurs productifs racés ont réussi des prouesses, notamment dans le secteur textile, mais leurs avancées n'ont pas pu bénéficier d'une relève générationnelle assurée. Le champ a été dès lors cédé à une libre débrouillardise n'accordant de faveur qu'au gain facile et l'on sait qu'il est advenu de la politique du déguisement des montages leurs reventes sous couvert d'une fabrication faussement assermentée.
L'ouverture du pays à l'économie libérale sur des bases déglinguées ne s'est pas opérée avec le préalable essentiel de la formation, de l'apprentissage et le savoir-faire car l'éducation professionnelle était considérée secondaire dans la course au gain matériel. Les idéologies prévalentes hier et encore présentes aujourd'hui ont été de négatives accompagnatrices de la nécessité d'agir au plus pressé pour calmer la demande exigeante du marché et les turbulences de la société.