Algérie

Société Générale: La conquête du marché algérien n'est pas de tout repos !



Jeudi 18 février se tenait à Paris La Défense la conférence de presse annuelle de la Société Générale. Devant la presse nationale et internationale, les responsables de la banque ont annoncé un bénéfice net annuel de 678 millions d'euros en 2009. C'est trois fois moins qu'en 2008. La Société Générale se place très loin derrière sa rivale la BNP Paribas qui affiche une santé insolente (5,8 milliards d'euros de profit !). Ces résultats restent néanmoins supérieurs à ce qu'avaient estimé les analystes.

 Depuis l'an 2000, date à laquelle la banque a ouvert sa première agence sur le sol algérien, la Société Générale a vu ses prétentions ébranlées et ses initiatives ont souvent été avortées. L'enseigne rouge et noir a connu en Algérie quelques-unes de ses émotions financières les plus fortes. Ce fut d'abord la surprise en novembre 2007, lorsque le ministère des Finances a annoncé sa décision de «surseoir» à l'opération de privatisation du Crédit Populaire d'Algérie (CPA), pour laquelle la Société Générale était candidate à la reprise. Puis ce fut la consternation quand a été publiée le 30 juillet 2009 la loi de finances complémentaire annonçant l'arrêt du crédit à la consommation. L'article 75 de cette loi stipule que «les banques ne sont [désormais] autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers». Pris de court, le groupe a déployé une cellule de crise spécialement consacrée à ce revirement de la politique algérienne !

 Mais la consternation a récemment fait place à la gêne : la justice algérienne vient de condamner la Société Générale à une amende de 100 millions d'euros pour des infractions à la législation sur les changes.

 Celle-ci n'était par ailleurs pas la seule sur la liste, d'autres banques étrangères ont été condamnées à des amendes pour les mêmes infractions. Alors que la Société Générale s'affiche conquérante en troisième place des banques privées chez le voisin marocain, elle marche sur des Å“ufs en territoire algérien.

 Malgré ses difficultés, la Société Générale poursuit ses efforts pour s'implanter durablement en Algérie. Son directeur des régions Afrique, Méditerranée, Outre-Mer, que nous avons rencontré, adopte une attitude résolument optimiste et volontariste. Patrick Le Buffe croit au potentiel de développement de ce pays : «Nous affichons actuellement 54 agences sur tout le territoire algérien, ce qui veut dire 240 000 comptes de clients dont 20 000 sont des entreprises». Il s'affirme plus pessimiste quant aux perspectives d'emploi : «Nous avons procédé à de nombreuses embauches en 2009 : pas moins de 200 emplois en majorité orientés vers notre réseau d'agences. Malheureusement, pour l'année 2010, ces embauches seront moins nombreuses car tout dépendra des nouvelles ouvertures d'agences. Compte tenu de l'arrêt du crédit à la consommation, nous avons été amenés à redéployer nos effectifs vers de nouveaux métiers».

 C'est le seul point noir que Patrick Le Buffe est forcé d'admettre. L'annonce de la condamnation de la Société Générale dans l'affaire de la législation sur les changes le laisse serein. Il affirme simplement que ce dossier est actuellement examiné par la Cour suprême : «C'est le résultat d'erreurs constatées par la Banque d'Algérie sur des opérations du commerce extérieur, datant de 2003 à 2006». «Toutes les explications et justificatifs ont été apportés», précise-t-il. Pas de quoi selon lui crisper les rapports de la banque avec l'Algérie : «Nous restons confiants sur la bonne fin des décisions de la justice algérienne. La Société Générale n'envisage aucunement un retrait de ce pays où elle espère rester longtemps». Mais la Société Générale aurait probablement rêvé meilleur dixième anniversaire, prévu le 18 mai prochain.




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