Algérie

Société et patrimoine Arret sur image



Société et patrimoine Arret sur image
Notre patrimoine immatériel, essentiellement oral, ayant pour source et support originels nos ancêtres ont fait ce qu'ils ont pu pour transmettre à la postérité contes, histoires, chansons, musiques, jeux de société, rituels et traditions. Mais cet héritage a été, au fil des générations, balayé par une modernité sans âme aux attraits et aux aspects captivants. Ces «qaâdate» algéroises, constantinoises, annabies, sahraouies ou le malouf et le hawzi de Tlemcen, avec son brillant interprète Cheikh El Ghafour, ne font plus recette et ne sont appréciés que dans des cercles restreints, cercles qui tendent eux-mêmes à disparaitre, engloutis qu'ils sont par un environnement qui ne les reconnait plus. Devenus étrangères dans leurs propres sociétés, ces expressions du terroir, premiers creusets d'une identité qui s'est affirmée et qui n'a à aucun moment failli, sont enfouies quelque part dans les mémoires attendant de meilleurs jours. Et c'est comme ces oiseaux diurnes qui, à la nuit tombée, restent éveillés parce que l'obscurité n'a pas enveloppé la plaine enneigée et que la réverbération de la pleine lune donnait une lumière telle que l'on se croirait en plein jour, se disaient qu'il faut attendre jusqu'au jour où la nuit ne viendra pas. Ce patrimoine immatériel oublié chez lui, attend toujours, chez lui, qu'on veuille bien le ressusciter. Mais, hélas, point de résurrection.
Cependant, et quel que soit l'emprise, le charme ou l'envoûtement déployé par cette modernité qui nie et renie les cultures qui ne rentrent pas dans le moule qu'elle a inventé, sera tôt ou tard rejetée parce qu'au fond ce n'est qu'une mode passagère. Le sédiment restera et ce sédiment n'est autre que ce patrimoine malmené, ignoré, voire honni, par certains. Il s'imposera au cours d'une conversation parce qu'issu d'une même société, cela apparaît et s'étale au cours d'une discussion anodine, d'une situation qui traite d'un même événement qui présente des similitudes avec des événements passés ou supposés comme tels. Le référent culturel invoqué et cité ne peut être tiré d'un patrimoine autre que celui de la société à laquelle on appartient. Parce que toute société a sa propre évolution, son cheminement à travers l'histoire, son espace géographique, sa composante humaine, même si parfois il y a de petits bouleversements ethniques.
Et donc, ce patrimoine immatériel, qu'il soit linguistique, musical, festif, artisanal ou gastronomique se traduit dans les comportements et trahit tout syncrétisme adopté ou forcé. L'adage populaire «Il a passé une nuit avec les crapauds et le lendemain, il a commencé à coasser», cette parabole ironique qui tourne en dérision cette tendance à adopter l'emprunt, l'importé, l'étranger au détriment de ce qu'on est, illustre bien la consistance de ce substrat culturel et civilisationnel qui demeure au sein de la société et qui lui appartient, tout le reste est éphémère, passager. «Ne reste dans l'oued que ces galets», affirme un autre dicton populaire pour signifier que l'eau coule, passe et s'évapore pour ne laisser derrière elle que l'immuable pierre qui, même si elle est au fond, reste là, aussi longtemps que l'oued sera. Le patrimoine est éternel.
M. R.


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