Algérie

Snob : petit mot, grands maux



«Laisse tomber, c'est un snob !», «Il/elle fait sa snob pour ne pas venir !». Des remarques telles que celles-ci sont dites et entendues dans notre société. Elles sont notamment orientées vers des personnes qui vous blessent de façon volontaire ou pas de par leur comportement ou leur façon de montrer qu'elles sont supérieures. Soirmagazine vous propose, dans ce numéro, un éclairage sur le snobisme. Il s'agit d'expliquer son origine, son portrait psychologique et son aspect sociologique.Synthèse Sarah Raymouche
Aux origines du snobisme
Le mot snob vient de l'anglais. Il se réfère à une forme d'argot en usage dans les années 1820 parmi les étudiants d'Eton College ou de l'université de Cambridge. Dans ce cas, selon le Chambers Dictionary, snob signifie «homme de condition modeste ». En effet, au lendemain de la bataille de Waterloo, le Royaume-Uni connut une importante révolution industrielle. Dans cette génération, nombreux furent les fils de la bourgeoisie qui eurent accès à de prestigieux établissements scolaires jusque-là fréquentés essentiellement par les enfants de l'aristocratie. L'appellation de snobs aurait alors désigné ces fils de la bourgeoisie par opposition aux nobs, les enfants de la nobility (noblesse), trop jeunes pour porter un titre nobiliaire et simplement qualifiés d'«honorables» : il importait de bien marquer la différence entre les deux classes sociales. Dans cette hypothèse, seule retenue par l'Académie française, l'étymologie de snob correspondrait au latin «sine nobilitate» («sans noblesse») Mais au fil du temps, la signification a peut-être évolué mais le sens profond reste le même. A ce sujet, Nicolas Grimaldi, dans son livre Les idées en place, Mon abécédaire philosophique, écrit sur le snobisme : «Pour récent qu'en soit le mot, il est néanmoins assez vraisemblable que la chose soit aussi ancienne que la différence des classes au sein d'une même société. Aussi n'y a-t?il pas de sentiment ni d'attitude qui devraient autant intéresser la psychologie sociale. Qu'il n'y ait pas de comportement social plus généralisé, rien n'en témoigne autant que le phénomène de la mode. Indépendamment de notre goût...»
Sur le site wikipédia, on note qu'«un snob, c'est-à-dire une personne qui fait preuve de snobisme, cherche à se distinguer du commun des mortels. Désireux d'appartenir à une élite, le snob tend à reproduire le comportement d'une classe sociale ou intellectuelle qu'il estime supérieure. Souvent, il imite les signes distinctifs de cette classe, qu'il s'agisse du langage, des goûts, des modes ou des habitudes de vie. Il traite avec mépris ceux qu'il considère comme ses inférieurs.»
Trait de personnalité ou pathologie psychologique
Contrairement à une idée répandue, le snobisme n'a pas de définition psychologique exacte, même s'il est courant de rencontrer des personnes qui affichent ce comportement. Par contre, les professionnels de la santé mentale qui se sont penchés sur cette question supposent qu'il représente au moins un certain degré de narcissisme dans lequel les gens pensent qu'ils sont meilleurs que tout le monde. A ce sujet, sur le site internet http://fr.psy.co/ dédié au monde de la psychologie, il est noté que «la classe sociale et la socialisation jouent indubitablement également un rôle : les personnes nées dans des familles avec des valeurs que la société valorise, que ce soit l'éducation, la richesse ou le statut, peuvent grandir avec un sentiment de privilège parce qu'elles sont habituées à recevoir un traitement spécial. » Et de poursuivre : «Le snobisme peut avoir ses origines très tôt dans la vie, lorsque les écoliers forment des amitiés et que des cliques se forment inévitablement autour de certains groupes. Il y a une tendance naturelle à voir les gens de l'extérieur de notre propre groupe (le ??groupe'') comme inférieurs aux membres de notre groupe (??endogroupe''), même si les divisions entre les groupes sont arbitraires. Les gens de votre rue peuvent vivre dans des maisons très similaires à celles de ma rue, mais parce qu'ils viennent de votre rue, je les vois comme inférieurs. Même s'il n'y a pas de raison rationnelle, les gens semblent être très prêts à développer une mentalité de tribu difficile à ébranler.» Ainsi, il est aisé de réaliser que «ce parti pris de groupe-endogroupe signifie que la direction du snob n'est pas nécessairement celle des nantis aux nonnantis. Les snobs trouvent important de se distinguer des autres».
Un phénomène social
Dans le dictionnaire Larousse la définition du snobisme est sociologique. Il y est noté : «Snobisme (n.m.) : admiration inconditionnelle pour les manières, les opinions en vogue dans les milieux tenus pour distingués et qui se manifeste par une imitation servile de leur comportement. Ou encore : admiration artificielle pour tout ce qui est nouveau, à la mode : snobisme littéraire.» Aussi, les sociologues définissent le snobisme comme une forme de mimétisme social. Ce qui fait du snob ? à l'image des personnages de Proust ? un individu prêt à tout pour ressembler aux autres, ou plutôt à ceux qu'il estime appartenir à l'élite. Et pour clôturer ce thème des plus intéressants et vastes, il serait judicieux de constater que le snobisme a même un attrait économique, reconnu depuis plus d'un siècle. Il s'agit de l'effet Veblen, ou effet de snobisme. Il a été mis en évidence par l'économiste et sociologue Thorstein Veblen, dans son ouvrage Théorie de la classe de loisir (1899). Il explique, dans son livre, que dans le domaine des biens de luxe ou plus précisément ceux qui permettent une certaine distinction sociale, la baisse de prix de ces produits se traduit par une baisse de l'intérêt qu'ils représentent aux yeux de leurs acheteurs potentiels. De manière inverse, la hausse du prix d'un produit peut le rendre davantage désirable et le faire entrer dans la catégorie des biens dont la possession traduit un rang social élevé. De façon plus concrète, l'effet Veblen se matérialise par le fait que les individus ont tendance à désirer des biens dont le prix élevé fait toute la valeur, en dépit d'une valeur pratique éventuellement faible (consommation ostentatoire). De ce fait, le seul attrait positif du snobisme paraît se cantonner dans une valeur en somme non quantifiable !
Source internet
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