Algérie

« Sniffeurs » de colle



Des adolescents livrés à eux-mêmes A Oran, depuis quelques temps, les « sniffeurs » de colle sont dans la ville, leur nombre croît au fil des jours et la détresse qu?ils dégagent indiffère les personnes qui les côtoient au détour d?un trottoir. Ces malheureux, qui sont pratiquement livrés à eux mêmes, ne troublent pourtant pas l?ordre public, encore moins les bonnes consciences. Les rues d?Oran étaient déjà inquiétées par les pickpockets et les agresseurs en tous genres. A présent, des êtres relégués au stade d?« infra humains », faméliques, hagards et insomniaques hantent les rues et les venelles du centre-ville. Les responsables de l?action sociale, les services de sécurité et les médecins donnent diverses explications à ce phénomène qui va crescendo. « Quand nous sommes alertés par les riverains, nous prévenons la force publique qui intervient dans des situations particulières », nous explique un officier de police. Un autre problème de taille surgit à chaque fois que les agents de l?ordre procèdent à l?enlèvement des « sniffeurs » fauteurs de troubles. « A leur arrivée aux urgences médicochirurgicales (UMC) complètement inconscients, les jeunes sont déjà dans un état semi comateux », observe un médecin de ce service. Suivi psychologique Selon notre interlocuteur, le service qui les réceptionne est démuni de moyens adéquats comme les lits réglementaires et l?absence d?un personnel médical et paramédical spécialisé. « Nous sommes extrêmement pénalisés par l?inexistence de structures appropriées dans ce cas de figure où l?état de santé physique et mental des jeunes « sniffeurs » de colle nécessite des soins intensifs ainsi qu?un suivi psychologique particulier », déplore ce psychiatre du pavillon 35 de l?hôpital d?Oran. Sous les arcades de la rue Ben M?hidi, sur les trottoirs de l?avenue Loubet et aux alentours du marché Michelet, les jeunes « sniffeurs » de colle sont regroupés en petites bandes de quatre ou cinq. Mokhtar, 16 ans mais paraissant âgé de 30 ans, les yeux rougis et la langue pâteuse, gesticule. « Cela fait 6 ans que je sniffe de la colle et personne ne me prête attention, pas même mes parents qui m?ont jeté à la rue. » « C?est une image insoutenable qui s?offre sous nos yeux. Les pouvoirs publics devraient remédier à cet état de fait navrant en venant en aide à cette frange sensible de la société », s?indigne un commerçant de l?avenue Loubet. Criant, gesticulant, pleurant, les pauvres hères sont dans un état qui frise la folie. « Des recherches bibliographiques et notre expérience personnelle nous font pressentir une accentuation de ce phénomène qui prend des proportions alarmantes. Un constat terrible nous rappelle à l?ordre : plus de 80% des « sniffeurs » de colle sont âgés de moins de 17 ans », nous explique un neurologue du CHU d?Oran. Et pour des raisons évidentes de prise en charge par leurs proches, des jeunes sont abandonnés dans les rues et livrés à eux-mêmes. Sales, repoussants et décharnés, les malheureux offrent un spectacle qui n?honore ni la ville, ni ses responsables.


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