Algérie

Smaïn Kouadria, Secrétaire général du syndicat ArcelorMittal Algérie : «L'Etat doit reprendre son droit de regard»



Smaïn Kouadria, Secrétaire général du syndicat ArcelorMittal Algérie : «L'Etat doit reprendre son droit de regard»
Photo : Fouad S. Vous venez, dans une communication récente, de dresser le bilan de dix ans de partenariat avec ArcelorMittal. De quoi est-il question au juste 'Au travers d'un bilan chiffré, axé sur tous les chapitres à  savoir les ressources humaines, le fonctionnement, la production, l'achat et la finance, il est question d'un bilan que nous trouvons négatif. Il ne s'agit pas à  travers notre démarche d'établir un constat d'échec parce que ce n'est pas à  nous de nous prononcer mais ce qui constitue l'essentiel pour est la pérennité de l'activité, soit la continuité à  produire et créer des richesses. On plaide aussi la préservation des postes d'emploi tout en développant l'investissement et un savoir-faire à  travers l'introduction des nouvelles technologies.Dans votre bilan, vous insistez sur la production de l'entreprise pour appuyer votre point de vue Il n'y a pas que la production même si celle-ci demeure un paramètre important. Pour exemple, l'unité de tuberie sans soudure (TSS), on a placé 65.000 km de tubes au pays et que tous les grands projets ont été réalisés avec des tubes produits localement. Comment se fait-il que nous nous retrouvons ces dernières années hors course ' C'est tout simplement il y a une concurrence rude mais aussi déloyale à  travers des produits asiatiques et même européens. A un moment donné, nous avons eu la préférence nationale mais nous avons été écartés même si l'entreprise est de droit algérien. Il y a d'un autre côté, l'accord de partenariat et on fait souvent semblant que les pouvoirs publics ont tenu leurs engagements alors que ce n'est pas le cas. Je vous cite, comme exemple, en 2001, avec l'avènement du partenariat, il y a un engagement dans la convention d'investissement qui stipule que l'Etat algérien doit maintenir les balises douanières pour protéger le produit national. Quelques années après, en 2005, on a éliminé les mêmes balises dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE. Nos produits ont besoin encore de cette protection. Aujourd'hui, tout ce qu'on produit est vendu sur le marché national et ce produit est certifié et d'ailleurs, les entreprises étrangères qui opèrent au niveau de l'autoroute est-ouest l'utilisent. Le rond à  béton que nous produisons sous le label  AMA (ArcelorMittal Annaba) y figure.Il y a aussi l'installation de la cokerie qui pose des difficultés  Pour le coke, la batterie a été répartie vers l'année 2000 avant de tomber en ruine par manque de maintenance, d'entretien et manque de pièces de rechange. Donc elle a été délaissée en quelque sorte. Le résultat c'est qu'au bout de 9 ans, elle est arrivée à  terme en matière de production. Actuellement on est dans la phase de démolition de la batterie pour la retaper. On est en train de récupérer le personnel qui a été réaffecté vers des postes de maintenance parce que ça fait partie de la prestation et la prise en charge pour nos salariés.Il reste maintenant la reconstitution de cette unité qui est répartie sur trois étapes à  savoir la démolition qui nécessite trois mois, les études techniques puis l'acquisition de l'équipement qui nécessite une année au moins.Dans le nouveau plan d'investissement annoncé par la direction, il est question d'un programme de recrutement à  lequel vous accordez beaucoup d'intérêt. Peut-on savoir sur quoi cela peut déboucher ' On vient de lancer une opération de recrutement qui a pris effet à  partir du mois de février dernier. Nous avons institué un bureau d'emploi au niveau de l'usine, donc on a étudié toutes les candidatures du personnel de la sous-traitance qui va àªtre transféré progressivement sur trois étapes. Tout ça concerne 700 employés. On a embauché dans la première étape 220 travailleurs, la seconde 200 et elle est en cours, et le reste est attendu pour la fin de l'année.Il y a lieu de noter aussi un autre programme de recrutement prévu à  la mise en œuvre du plan d'investissement. Où en sont les revendications des travailleurs ' Il y a d'abord le régime indemnitaire sur lequel nous continuons de négocier. Nous avons jusqu'ici signalé la revalorisation d'un certain nombre d'indemnités dont je cite la prime d'astreinte, la prime de permanence, la nuisance, la femme au foyer, les cadres postés et l'IFSP pour ceux qui ne bénéficient pas des heures supplémentaires. J'ajoute aussi que sur proposition du syndicat, les DEA sont passés au statut de cadres. Il y a d'autres dossiers qui restent, tels l'organigramme, la nouvelle grille de salaires et la prime de commandement et sur lesquels nous travaillons. En tout, d'ici le mois d'octobre prochain, on aura bouclé le régime indemnitaire et développé un programme de recrutement et on aura une nouvelle convention collective.Le dernier accord collectif signé avec la direction prévoit que l'augmentation des salaires sera tributaire du volume de production de l'entreprise 'D'abord, nous sommes dans une entreprise privée et puis le Gouvernement algérien doit s'inspirer de notre démarche, parce qu'on est en train de jeter de l'argent par la fenêtre sans contrepartie.Les paramètres fixés dans l'accord collectif sont des paramètres qui restent à  notre portée et qui sont réalisables. En tout cas c'est pour instituer une nouvelle culture, à  savoir qu'il faut créer de la richesse. En tant que représentant des travailleurs, pensez-vous qu'on peut se passer du partenariat étranger pour gérer le complexe ' La conjoncture n'est plus la même actuellement. Avec la mondialisation, il y a l'apparition des groupes, des fusions, des consortiums et sociétés mixtes qui se forment. Qu'est-ce qu'on représente avec 2 millions de tonnes de production par an par rapport à  la demande mondiale qui avoisine 600 millions de tonnes/an ' Si on revient à  la case départ, le trop plein de l'emploi, produire à  perte et vendre pour dire qu'on préserve de l'emploi c'est une logique que personne n'accepte. Ce qu'on demande c'est le droit de regard de l'Etat algérien. On ne fait pas appel à  un investisseur étranger pour lui accorder certains avantages et le laisser seul sur le terrain faire ce qu'il veut.


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