Algérie

Slimani, le Paolo Rossi algérien '



S'il y a un joueur dont la convocation pour la CAN-2019 a suscité beaucoup d'intrigues, d'interrogations et même des propos déplacés voire haineux, c'est bel et bien Islam Slimani. Absent des terrains depuis le 22 février, mémorable date pour le Hirak en Algérie (c'est anecdotique mais c'est comme ça), le baroudeur des Verts n'était plus autorisé par son club turc, Fenerbahçe, à jouer, à s'entraîner avec le groupe professionnel puis de la «réserve» et enfin de ne plus fréquenter le club. Une forme de rupture totale d'un prêt d'une saison (il appartient toujours à Leicester jusqu'à juin 2021) qui a failli être interrompu (déjà) en décembre dernier lorsque les dirigeant du club turc lui reprochaient son manque d'efficacité, entraînant les mauvais résultats de l'équipe, mal en point en championnat. Un conflit qui avait surtout pour origine le salaire élevé de l'ancien attaquant du Sporting Lisbonne. Slimani refusant tout simplement de revoir ses indemnités à la baisse sera, comme son compatriote Yassine Benzia et d'autres joueurs étrangers, ainsi rayé des listes malgré un contrat de prêt qui devrait prendre fin le 30 juin. Cette mise à l'écart allait pénaliser et l'équipe, sauvée in extremis de la relégation, et le footballeur algérien de 30 ans. Celui-ci voyait la sélection s'éloigner de plus en plus. Et une participation à une quatrième phase finale de la CAN consécutive avec. Cascade de forfaits aidant (Soudani et Belfodil) mais aussi en raison d'un choix stratégique (Naïdji), Belmadi décide de retenir le buteur patenté de l'EN encore en activité. Malgré un «repos forcé» d'environ 4 mois. Une polémique qui n'a pas effrayé Belmadi qui, pour la petite histoire, n'a disposé de Slimani que l'espace de son premier match à la barre technique des Verts, le 8 septembre dernier à Bakau (Centrafrique) durant lequel l'ancien Belouizdadi est entré à la 70' du match en remplacement de Bounedjah. Durant sa conférence de presse, Belmadi a reconnu que le joueur manquait de compétition et n'avait pas une idée précise sur sa forme actuelle. Il a expliqué (justifié) son choix par l'absence de Belfodil qui était un premier choix pour épauler Bounedjah (ou faire sa doublure) et l'inexpérience du buteur de la Ligue 1 Mobilis, Naïdji (PAC). Il a aussi mis en valeur la volonté de l'attaquant de Fenerbahçe et sa rage de vaincre. De se révolter. Il n'a pas dit s'il comptait sur le buteur des Verts avec 26 buts comme titulaire, en tant que joker ou selon la nature de l'adversaire. Il a juste affirmé qu'il sera utile à l'équipe. Et l'histoire de Slimani nous rappelle étrangement celle d'un autre grand attaquant, l'Italien Paolo Rossi suspendu par la justice sportive italienne dans le scandale du Totonero, affaire liée à l'arrangement des matchs du Calcio qui a défrayé la chronique au début des années 80. Accusé d'avoir touché plus 9 millions de lires italiennes, Rossi qui évoluait à Pérouse, est condamné en première instance à 3 ans de suspension, peine ramenée à deux ans. Il évitera la prison, comme d'autres footballeurs mêlés dans ce dossier d'escroquerie, à cause de l'absence d'une loi spécifiques aux paris sportifs. Sous le coup de la suspension, le Toscan signe chez les Bianconeri de la Juventus, club de ses premières amours. Il retrouvera les terrains le 15 avril 1982 et prend part aux trois derniers matchs (1 but) du Calcio dont le scudetto est revenu à la Vieille Dame. Personne ne le voyait rejoindre la Squadra Azzura qui s'apprêtait à prendre part au Mondial d'Espagne sous la conduite d'un entraîneur, Enzo Bearzot, réputé pour ses choix osés. Après un premier tour timide (trois nuls respectivement contre la Pologne, le Pérou et el Cameroun), l'Italie se révolte en mettant à genoux, coup sur coup, l'Argentine, le Brésil puis la RFA en finale. Rossi a été le héros de cette prestigieuse Squadra Azzura en inscrivant 6 réalisations dont un triplé face au Brésil (seul Messi a réédité cet exploit face aux Auriverdes, trente ans plus tard). Une belle épopée que l'on souhaite voir se produire cet été en Egypte. Pour Slimani, Belmadi et le football algérien. En 1982, l'Algérie a pris part à son premier Mondial avec des exploits jamais réalisés (victoires face à la RFA et le Chili) malheureusement dévoyés par la tricherie des frères germaniques. Et Belmadi avait seulement 6 ans. A peine l'âge de se souvenir de ses premières foulées à l'école alors que Slimani n'était pas encore né (il a vu le jour en 1988, date d'une certaine révolte du peuple contre la misère). Coïncidence ou signe de destin entre ces deux hommes qui croient à tout. Au travail et au sens du sacrifice surtout. Peut-être que?M. B.


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