« Traduire la stratégie industrielle en lois et règlements précis » Quel besoin a l?Algérie de se doter d?une stratégie industrielle après avoir longtemps laissé le marché dicter le devenir de son économie ? Depuis 1970, à ma connaissance aucun gouvernement n?a en effet pris la peine de tracer une stratégie industrielle. Celle dont nous débattons ces jours-ci a donc au moins le mérite d?exister. Ce qui rend ce document intéressant c?est qu?il intervient en même temps que s?élabore le schéma national d?aménagement du territoire. Bien que les deux ministères concernés n?aient pas travaillé en parfaite collaboration, il y a toutefois des liens qui ont été faits entre la nouvelle politique industrielle et le schéma d?aménagement du territoire qui définit les grandes lignes de développement du pays pour les 25 prochaines années. L?information selon laquelle le ministère des Participations et celui de l?Aménagement du territoire auraient travaillé sans concertation serait donc fausse ? Oui. Pour ne citer que cet exemple, les pôles de compétitivité et d?excellence que l?on retrouve avec une certaine cohérence dans les deux textes prouvent bien qu?il y a eu un minimum de concertation entre ces deux ministères. Une fois ce projet de stratégie industrielle adopté, a-t-il, selon vous, des chances d?être pérennisé ? Ce qui serait souhaitable, c?est que ce projet une fois adopté, reçoive le consensus des principales parties prenantes. On ne peut en effet pas faire de stratégie industrielle sans écouter par exemple les entrepreneurs et les syndicats. Ce qu?on peut souhaiter c?est que la stratégie industrielle tout comme le schéma d?aménagement du territoire fasse l?objet de lois. S?agissant de la stratégie industrielle, il s?agira de la traduire par des lois et règlements précis, concernant par exemple la création des pôles de compétitivité, les différentes formes d?aides que l?Etat peut apporter aux régions, etc. A quelle institution pensez-vous qu?il soit judicieux de confier la mise en ?uvre de cette stratégie ? Dans tous les pays du monde, y compris les plus développés, il y a toujours eu un balancement entre éclatement et concentration des pouvoirs. On se souvient que durant les premières années de l?indépendance, l?Algérie était dotée d?un super ministère de l?Economie. On est revenu quelques années après à d?autres formes d?organisation. Mais je crois que fondamentalement, le problème n?est pas le nombre de ministères plus ou concentrés qu?on a dans un pays. Le problème réside dans la coordination de l?ensemble des institutions de l?Etat pour atteindre un objectif. Et dans la configuration actuelle, force est malheureusement de constater l?absence de coordination, l?ignorance des prérogatives des uns par les autres et parfois même une concurrence malsaine entre certains ministères. D?où la nécessité d?unifier le commandement dans un super ministère de l?Economie ? Un certain nombre de départements ministériels regroupés autour d?un grand ministère de l?Economie ce n?est peut-être pas forcément ce qu?il faudra faire, mais ce qu?il faudrait assurément faire, c?est donner une culture managériale aux responsables ministériels afin qu?ils considèrent la coopération entre eux comme quelque chose de normal. Il faudrait bien que cet état d?esprit prévale un jour, car sans cela nous ne risquons pas de faire des progrès dans la gestion de la chose publique.
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Posté Le : 05/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nordine Grim
Source : www.elwatan.com