Algérie

Slamyka



Nouveauté - Cet album, sorti aux éditions Padido, comprend neuf titres, tous écrits par Khaled Mouaki (leader du groupe) en arabe dialectal.Wech n'qoul... (Que dire !), le premier album slam édité en Algérie, est signé Slamyka, un groupe algérois. «Les textes sont de moi», nous dira Khaled Mouaki. Et ces textes sont poignants. Ils parlent de l'amour, de l'amitié, de la déception, de la «harga» (immigration clandestine) ou encore de l'alcoolisme et de la violence en milieu familial et d'autres sujets traitant de la vie quotidienne.
Interrogé sur ce genre qu'il apprécie particulièrement, Khaled Mouaki répond : «Je fais du slam parce que ça me passionne et que ça me permet d'exprimer ma sensibilité. Le slam est pour moi pareil au melhoun (poésie populaire). Il n'y a que l'appellation qui diffère. C'est donc du pareil au même, sauf que dans le melhoun, celui qui déclame le texte est accompagné d'un bendir ou sinon d'un ney, alors que Slamyka, c'est tout un orchestre qui accompagne les textes.»
Khaled Mouaki, qui soutient que Slamyka fait dans la recherche musicale, à en juger par les instruments qui ponctuent chacun de ses textes, explique : «Nous avons choisi le slam seulement par souci de préserver notre langue dialectale qui est si riche. Il s'agit d'un parler qui nous appartient, qui fait partie de notre culture et de notre histoire. Il est donc vraiment nécessaire de le préserver, d'autant plus que c'est une richesse linguistique, c'est un patrimoine immatériel commun à tous.»
A la question de savoir si le slam est un genre artistique porteur, Khaled Mouaki dira : «En effet, on peut dire que c'est un genre écouté, apprécié par un auditoire, puisqu'il s'agit du melhoun. C'est de la poésie populaire. Slamyka commence à drainer un public. En 2005, je slamais tout seul, puis en 2006, j'ai eu deux guitaristes, et aujourd'hui, nous sommes un orchestre, ça évolue et je ne peux qu'en être satisfait ; le public est là, fidèle et attentif, à l'écoute. Il nous suit et nous encourage.»
A l'origine, le slam se fait par une personne qui est accompagnée par un ou deux instrumentistes, mais avec Slamyka, il y a un orchestre qui entoure le slameur (Khaled Mouaki) et l'accompagne dans sa performance oratoire.
Mais est-ce qu'avec un orchestre, il n' y a pas un risque de tomber dans le style «groupe musical» et, du coup, sortir carrément du slam ' «Pas du tout, et à aucun moment, nous ne dénaturons le slam. L'art, c'est l'art, et quelle que soit la manière de faire, il restera de l'art. Il épouse toute pratique d'exécution. Il est vrai que slamer seul ou accompagné d'une ou deux personnes a son originalité, mais avec un ensemble de musiciens, ça l'a aussi. L'accompagnement musical confère aux textes une texture et un caractère. Ça lui donne un cachet particulier», affirme Khaled Mouaki.
L'orchestre est en effet original. On trouve de la guitare, de la basse, du violon, de la flûte, du violoncelle et d'autres instruments alliant la tradition à la modernité conférant aux poèmes déclamés des sonorités actuelles et d'autres puisées dans le terroir.
- A la question de savoir si le slam est un genre en vogue en Algérie, sachant que de plus en plus de personnes en font ces dernières années, Khaled Mouaki répondra : «Non. En vogue, c'est beaucoup dire. Je dirai que c'est un genre qu'on a commencé à dépoussiérer, à réactualiser et auquel on a donné un souffle nouveau pour l'ancrer dans la réalité moderne, la nôtre, car il existait chez nous depuis des siècles, à l'instar de Cheikh el Hamel. Les poètes du melhoun faisaient du slam, puisqu'il déclamait en arabe dialectal des textes en public, au sein d'une halqa.» Toutefois, Khaled Mouaki tient à préciser que beaucoup font, aujourd'hui, du slam, mais la plupart d'entre eux le font en français. Revenant sur son album, Khaled Mouaki qui reconnaît avoir eu un parcours difficile semblable d'ailleurs à tout artiste, ajoutera : «Enregistrer un album était pour moi non seulement un besoin, mais une nécessité, car il s'agit d'apporter un plus à la culture musicale algérienne et, de ce fait, enrichir le paysage artistique.» Slamyka, pionnier de ce style en Algérie, sillonne le pays depuis près de sept ans, ce qui lui a permis de sonder la perception et l'attente des différents publics pour affiner ses textes. Il a aussi accompagné, en 2008, le Printemps du théâtre en donnant, chaque soir, un concert après les représentations théâtrales.En 2011, le groupe a pris l'initiative d'élaborer le spectacle «Touche pas à mon gosse» afin de dénoncer la maltraitance des enfants. La rencontre entre la poésie et la musique donne un résultat harmonieux.


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