Algérie

Skikda, une ville sous serre



Skikda, une ville sous serre
L'habillage en verre, même s'il fait «chic» de l'extérieur, cache cependant les malfaçons qui persistent à l'intérieur.La ville de Mostaganem, à l'ouest du pays, vient de se doter du premier théâtre construit par l'Algérie indépendante. Un très beau bâtiment, architecturalement moderne, sans l'ombre d'un verre de façade et qui ferait certainement pâlir mille et une ?uvres bâties depuis plus de cinquante ans. Pendant ce temps, ici à Skikda, on continue de couver de verre tout ce qui se construit. On continue plutôt à cacher les tares urbanistiques, les malfaçons et le manque d'imagination par une incroyable «verre-mania», qui s'est emparée de la ville voilà déjà presque une décennie.On peut en faire le recensement, plus de 80 % des édifices publics bâtis à Skikda au cours de la dernière décennie, sont tous «couverts» de verre ou de «mur-rideau», comme disent les architectes. Il suffit de faire un tour aux pôles administratifs implantés à Merj-Eddib, à Boulkeroua ou à Sicel pour constater que presque toutes les bâtisses sont couvertes de mur-rideau. Les institutions culturelles et banquières n'échappent pas à cette nouvelle mode.Un architecte local explique cette manie par le contexte économique que vit le pays en général, et d'expliquer : «L'embellie financière qu'a connue le pays et qui a permis de lancer plusieurs projets en même temps a mis à nu le manque flagrant de main-d'?uvre qualifiée dans le secteur du bâtiment. C'est, du moins, l'une des causes essentielles, à mon sens, qui a encouragé le recours aux murs rideaux.Un procédé très simple dans sa conception et qui permet, lorsqu'il respecte les règles, de se substituer aux opérations de finition traditionnelles, qui, elles, requièrent un certain savoir-faire.» Et d'ajouter: «Néanmoins, le recours à ce genre de façades en verre devient plutôt une échappatoire qu'une opération d'esthétique. Je qualifierais cet état actuel des choses de ?cache-misère'.» Selon lui, une partie des murs-rideaux utilisés ne répondrait même pas aux normes, «normalement, pour ce genre de façades on utilise le verre athermique, mais certains constructeurs recourent à des verres ?bas de gamme', beaucoup moins chers et ne répondant pas aux exigences sécuritaires et climatiques».L'habillage en verre, même s'il fait assez «chic» de l'extérieur, cache cependant les malfaçons qui persistent à l'intérieur. Il suffit juste de se rendre dans certaines nouvelles administrations publiques, où même au rectorat de l'université pour sentir la température grimper de quelques degrés. «Même la climatisation ne suffit pas pour nous débarrasser de cette sensation de suffocation», témoignent des agents de bureau de quelques édifices. A cela s'ajoutent les difficultés d'entretien de ces façades, qui souvent, occupent une grande superficie. Certaines continuent de crouler sous la saleté et d'autres sont déjà embuées de fientes des pigeons, rajoutant ainsi une overdose de laideur et de cache-misère urbaine.




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