Un argent fou a été dépensé depuis les années 1980 dans la confection d’études sans lendemain. Aujourd’hui, les ingrédients d’une opération réelle de sauvetage sont finalement réunis.
Skikda, la ville, vit depuis des lustres au rythme de projets jamais concrétisés, et qu’on ne faisait qu’évoquer à chaque visite officielle pour les remettre aux calendes grecques. Les exemples ne manquent pas, et la ville, à force de subir l’inaction des décideurs, a fini par prendre son mal en patience.
L’exemple le plus évident reste la question épineuse de la vieille ville qui se désagrège d’année en année. Des tentatives ont été à maintes fois faites pour la sauver mais aucune d’elle n’a abouti. Un argent fou a été dépensé depuis les années 1980 dans la confection d’études sans lendemain et autres plans d’occupation des sols, mais cela restait un simple diagnostic.
Toutes les études qui avaient été effectuées soulignent «l’urgence d’engager un plan de sauvetage» pour une ville qu’on maintient aujourd’hui «sur des béquilles». Mais il manquait le courage de forcer la main aux pouvoirs centraux pour qu’ils débloquent l’argent nécessaire.
Aujourd’hui, les ingrédients d’une opération réelle de sauvetage sont finalement réunis et la restauration pourra enfin se faire au grand bonheur d’une ville dont la beauté n’est plus à démontrer.
L’étude ficelée
L’on apprend ainsi qu’une enveloppe de 1,5 milliard de dinars a finalement été débloquée par le ministère de l’Habitat pour mettre en pratique le plan proposé par les autorités locales. Ce plan, ou étude, c’est selon, a été ficelé en amorçant une ébauche exhaustive mettant en filigrane l’état des lieux du tissu urbain de la ville de Skikda ainsi qu’un canevas d’approches devant faciliter sa restauration.
Cette opération ne se fera certainement pas sans problème car les intervenants auront la délicate mission d’intervenir sur un tissu fragilisé et à densité très élevée, puisqu’on y trouve pas moins de 115 logements par hectare. Une proximité qui demande une certaine minutie et une aptitude technique assez spéciale.
«Rien n’est laissé au hasard. La réflexion et le plan de restauration que l’équipe pluridisciplinaire avait amorcés au courant de l’année 2011, ont pris en compte toutes ces considérations. On a renforcé notre approche par l’implication de bureaux d’étude spécialisés disposant d’une grande expérience. Certains ont assuré le suivi de grands chantiers en Europe et en Algérie en obtenant de très bons résultats», rassure un cadre de la direction de l’urbanisme.
L’exemple de Barcelone
Il suffit juste de rappeler que des bureaux d’étude internationaux avaient pris part à cette réflexion en proposant de reprendre les travaux de restauration menés à Barcelone (Espagne). Une visée qui devrait, selon ces mêmes bureaux, prendre en considération les aspects culturels propres à la cité algérienne.
D’après un cadre de l’OPGI, l’opération de réhabilitation des immeubles menaçant ruine aura à englober un ensemble d’interventions sur différents îlots. Il précise: «L’Office public de le gestion immobilière (OPGI), un des intervenants dans cette opération, aura pour mission d’engager des actions de réhabilitation de l’ensemble des immeubles de l’avenue Didouche Mourad (les Arcades) et du quartier napolitain (Houmet Ettalyène).»
Cette tâche, aussi délicate qu’urgente, devra conforter les assises des immeubles et éviter, surtout, le ravalement des façades qu’avait mené l’office il y a quelques années, maquillant l’extérieur alors qu’à l’intérieur les bâtiments continuaient à se détériorer.
Selon la même source, l’opération de réhabilitation concernera dans sa globalité un ensemble de 2.000 bâtisses qui avaient été soigneusement répertoriées par le CTC.
Et d’ajouter: «En sus de l’expertise technique, un travail sociologique avait été mené par l’université de Skikda qui a réalisé de véritables enquêtes de proximité pour élaborer différents ratios.»
Ce grand projet ne devrait pas tarder à voir ses premiers chantiers lancés. Les appels d’offres nationaux et internationaux paraîtront dans les jours à venir pour choisir les meilleurs intervenants devant redorer le blason de la vieille ville et sauver un label urbanistique qui a de tout temps constitué une marque locale certifiée.
Le simple fait d’avoir réussi à mener à bien ce plus vieux rêve des Skikdis constitue déjà une victoire en soi, en attendant sa concrétisation.
Khider Ouahab
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Posté Le : 28/03/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Khider Ouahab
Source : El Watan.com du mardi 27 mars 2012