Algérie

Skikda Où va le ciment ?



Le ciment, produit hautement stratégique dans la construction, au regarddes nombreux chantiers en cours et des programmes de logements, est depuisquelques années sous les feux de la rampe, tant la spéculation fait rage sur ceproduit, non sans charrier à son encontre les hypothèses et les supputationsdes plus plausibles aux plus saugrenues, quand un sac sorti d'usine à 220dinars se retrouve au double de son prix sur le marché parallèle. A cela,s'ajoute l'ahurissement des entreprises ou entrepreneurs tenus d'achever destravaux dans les délais impartis et qui se retrouvent parfois contraints deparer au plus vite en recourant au marché noir pour s'approvisionner en ciment,lorsqu'un impondérable surgit au niveau de la cimenterie de H'Djar Essoud,commune de Azzaba, dans la wilaya de Skikda, faussant ainsi la programmation.Pour en savoir un peu plus sur la chose, nous nous sommes rapprochés deM. Rezagui, directeur général de la plus vieille usine de ciment en Algérie,d'une capacité de 900.000 t/an. Notre interlocuteur tenait d'emblée à nouspréciser qu'à raison de 40 euros la tonne, le prix du ciment est parmi les plusbas dans le monde, quand on sait qu'il tourne autour de 80 euros la tonne dansle pourtour méditerranéen.Et de poursuivre que si les importations y trouvaient leur compte, onn'aurait pas hésité une seconde pour le faire, sauf que pour des raisonsévidentes de marché, la chose est impossible car non rentable. Citant l'exemple«d'une cimenterie privée, dont la production est presque égale aux quatrecimenteries de l'Est, où le sac est cédé à 300 dinars, une bonne partie de saproduction va à l'exportation, alors que la priorité, comme le stipule lecahier des charges, est de satisfaire les besoins locaux».Revenant ensuite à l'usine de H'Djar Essoud, le D.G. dira qu'à sonarrivée «en 1998, la production était de 220.000 tonnes par an, tournait avecun effectif de 807 personnes et avait un déficit de 54 milliards de centimes.Aujourd'hui, la production est en constante augmentation: et malgré la vétustéde ses installations, elle a produit au 30 juin 2007 41.200 tonnes avec uneffectif de 296 employés et un résultat net de 60 milliards 900 millions decentimes.En 2006, les ventes de ciment ont été de l'ordre de 51.300 t, et en 2007qui court toujours, les ventes ont déjà atteint 54.900 tonnes, soitl'équivalent de 43.550 logements dans les quatre wilayas desservies, Skikda,Annaba, Guelma et El-Tarf. Et depuis peu, la wilaya de Souk Ahras (saufM'Daourouch, qui s'approvisionne à partir de la cimenterie de Tébessa).La question se pose d'elle-même: a-t-on réalisé un tel nombre delogements dans les wilayas concernées, même si le ciment de manière timide va àd'autres usages ?L'usine ne fournit de ciment qu'aux entreprises, entrepreneurs etpromoteurs suite à un dossier et son cahier des charges. Elle est pionnièreavec son système mensuel au lieu de décadaire, qui consiste à programmer leclient trois fois par mois avec tous les aléas que cela génère, comme les va-et-vient.Les quantités sont livrées suivant un état établi par mois pour chaque wilaya.De quatre mille clients, il n'en reste que trois mille: un agent s'occupe desdossiers douteux en s'assurant du nécessaire dans la wilaya d'origine etlorsque l'état de besoin est honoré, aucun autre sac n'est par la suitedélivré.La rigueur est aussi de mise quant aux besoins réels d'un programme. Eneffet, s'il s'agit de cent logements, 2.000 t sont nécessaires. Selon le délaide réalisation, les quantités à délivrer sont divisées selon le nombre de mois.Les clients nationaux et étrangers sont traités de la même manière et sur unmême pied d'égalité.Concernant les arrêts qui affectent la production, M. Rezagui toujours,lors de notre passage avant-hier, dira que «maintenant, un broyeur et untransformateur sont en panne et que des équipes s'affairent à remettre enmarche». S'agissant d'éventuels sabotages, il dira «qu'il y a deux ans, deuxingénieurs ont été déférés devant la justice pour détournements, vols et destructionde biens de la société».Enfin, pour ce qui est des pénuries et des prix onéreux atteints par leciment, qui est actuellement cédé à 390 dinars le sac, notre interlocuteurprécisera «qu'il n'y a pas de revendeurs agréés et que ce sont certains parmi lesclients de l'usine qui font la spéculation en revendant leurs quotas». Sur leciment en vrac, les dégâts sont aussi palpables, puisque énormément dequantités profitent à d'autres wilayas. Le point de vente d'El-Hadjar reçoitquotidiennement entre 1.000 et 2.000 t. En conséquences, le D.G. de H'DjarEssoud conclura qu'en tout état de cause, la production actuelle arriveamplement à satisfaire les besoins en ciment de tous les chantiers. Pourpreuve, il citera l'exemple de la wilaya de Souk Ahras, nouvellement rattachéeà H'Djar Essoud pour ses besoins en ciment, au même titre que Skikda, Annaba,Guelma et El-Tarf.


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