Algérie

Skikda - Lotissement social de Sidi M'hamed: Un conglomérat chaotique



Skikda - Lotissement social de Sidi M'hamed: Un conglomérat chaotique




Autrefois vaste espace de verdure, ce lotissement qui a vu une urbanisation anarchique, n’est plus qu’un immense bourbier avec ses ruelles impraticables, ses canalisations à ciel ouvert et ses passages rétrécis par les extensions illicites.

Un énorme gâchis, plutôt une atteinte portée contre Dame nature et contre l’histoire et la mémoire de la ville.

Sidi Ahmed, cet immense espace de verdure qui ceinture l’ouest de la ville de Skikda n’est désormais qu’un vague souvenir. Une simple appellation que les Skikdis gardent, à titre posthume, dans leur vocable et dans leur mémoire pour évoquer les flâneries d’antan. Ces lieux où les anciens habitants de Skikda venaient pour se rafraîchir près de la Prise d’eau romaine n’existent plus.

L’urbanisation anarchique, le silence, souvent complice des responsables et l’appétence vorace de certaines personnes se sont joints pour faire de Sidi Ahmed un immense bourbier.

«C’est à ne rien y comprendre! A Skikda on tente d’éradiquer les bidonvilles de Bouabbaz et d’El Match, qui défigurent le paysage urbain de la ville et au moment même on laisse pousser un autre bidonville "en dur" à Sidi Ahmed», ironise un habitant des lieux. Et il n’a vraiment pas tort.

Le gaz de ville à l’air libre

La désolation s’annonce dès l’entrée des lieux reconvertis, au courant des années 1980 en lotissements. La route qui y mène a été refaite il y a moins d’une année seulement.

«Regardez, elle commence déjà à laisser apparaître des fissurations et des crevasses sur certains endroits. Cette route ne tiendra pas devant la prochaine saison pluviale», juge un de nos accompagnateurs.

A l’entrée des lotissements le ton du dépérissement est vite donné. La chaussée a été carrément éventrée par les dernières averses qui se sont abattues sur Skikda. La gadoue est partout. Tous les réseaux, même ceux du gaz de ville, sont à l’air libre. Des bouts de canalisation de gaz sont presque déterrés à plusieurs niveaux, exposés à tous les risques. Ils peuvent facilement être accidentellement heurtés par un véhicule ou un engin, ce qui pourrait entraîner des conséquences très graves.

«Mais qui s’en soucie ?» lance un habitant.

Les canalisations des eaux usées connaissent le même sort, surtout au niveau de la bifurcation menant au lotissement social. Ce dernier reste le plus touché par les disgrâces et autres dépassements qui sont monnaie courante dans ces lieux. Les ruelles, en pente, de ce lotissement sont toutes impraticables. Plus grave encore, les habitants dont les demeures se situent plus bas se retrouvent aujourd’hui obligés de faire un grand détour pour rejoindre leurs logements.

«En principe, des escaliers étaient prévus sur plusieurs endroits pour nous permettre de rentrer chez nous mais comme vous le constatez, il ne persiste aujourd’hui aucun espace devant accueillir de tels projets», explique un des habitants.

En effet, certains habitants et devant le manque de tout contrôle, ne se sont pas gênés pour opérer des extensions sauvages. Dans certains endroits de ce lotissement, les bâtisses sont carrément collées les unes aux autres engendrant une anarchique proximité.

Une école quasiment inaccessible

Ces extensions anarchiques ne sont malheureusement pas uniquement relevées à ce niveau. Il y a plus grave encore: certains propriétaires se sont même permis le luxe d’empiéter même sur les espaces devant servir de trottoirs.

A l’entrée de Sidi Ahmed déjà, on constate cette triste réalité. Sur certains passages de la route, des propriétaires ont tellement empiété sur la chaussée qu’ils ont fini par la rétrécir et aujourd’hui il devient carrément impossible à deux petits véhicules de se croiser sur certains endroits.

«Ici, c’est le no man’s land. Comme les responsables tardent à se manifester, chacun peut faire ce qu’il veut», estiment nos accompagnateurs.

En arpentant la descente boueuse et glissante du lotissement social, on s’engouffre davantage dans le bourbier.

«A ce jour nous ne sommes même pas raccordés au réseau de l’AEP. On a écrit à l’Algérienne des eaux (ADE) pour trouver une solution et on s’est même déplacés pour voir le directeur, mais on s’est contenté de nous répondre qu’il faut voir avec l’APC. Malheureusement on reste sans AEP alors que la canalisation desservant d’autres localités passe par notre propre lotissement, mais cela ne semble guère inquiéter les responsables», déclare le président de l’association du lotissement social de Sidi Ahmed.

En aval des bâtisses carrément perchées sur la boue, se trouve un établissement scolaire du primaire. L’école dont la muraille de clôture commence déjà à subir les risques de glissements de terrains jouxte un semblant d’aire de jeux non loin de la Prise d’eau romaine.

En voyant cet établissement on se pose immédiatement la question de savoir par quel subterfuges et par quels moyens, les élèvent parviennent-ils à regagner leurs classes?

Même un véhicule 4X4 trouverait des difficultés à arpenter le chemin boueux et en pente menant à l’établissement.

«Les enfants trouvent des difficultés énormes pour parvenir à joindre cet établissement dans de bonnes conditions. De toute façon même si on parvient à les doter d’un moyen de transport scolaire, aucun conducteur ne se hasardera à les y conduire vu le risque de l’unique chemin, un sentier sinueux, qui dessert les lieux», reconnaît un membre de l’association.

D’autres parents avancent, pour leur part, que cette situation incommode également les enseignants.

«C’est normal, à leur place on aurait opté pour des congés longue durée. Travailler dans de telles conditions relève vraiment de la bravoure », estiment nos interlocuteurs.

La seule solution reste bien sûr l’aménagement de ce lotissement et l’assurance d’un contrôle rigoureux sur tout ce qui s’y fait avant que les gargantuas du foncier ne parviennent à avaler ce qui reste d’un lieu déjà assez altéré.

Khider Ouahab



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