Algérie

Six mois requis contre Djelloul Djoudi



Le procureur de la République du tribunal de Sidi-M'hamed a requis six mois de prison ferme contre Djelloul Djoudi, cadre dirigeant du Parti des travailleurs (PT) dans une affaire qui l'oppose à l'ancienne ministre de la Justice Nadia Labidi.Les faits jugés remontent à la période durant laquelle Djelloul Djoudi assurait ses fonctions de député du groupe parlementaire de son parti. Le concerné critique alors en pleine Assemblée l'octroi d'un marché, qu'il estime irrégulier, à des membres de la famille de la ministre qui se trouve à la tête du ministère de la Culture. Il fait savoir que les marchés en question ont été octroyés au fils et au père de cette ancienne responsable, tous deux actionnaires dans une société de production et de montage audiovisuels pour des montants importants dont la totalité s'élève à douze milliards. «Je ne sais pas ce que je fais ici, déclarait ce jeudi Djelloul Djoudi face au juge. J'étais député au moment où les faits se sont déroulés, j'ai fait mon travail en évoquant le conflit d'intérêt dans l'affaire de Mme Labidi, je n'ai de problème avec aucun ministre. La critique de l'action des ministres, c'était mon rôle. Mme Labidi a octroyé des marchés à des membres de sa famille lorsqu'elle était ministre. Je suis en possession de toutes les preuves, de tous les documents relatifs aux accusations que j'avais portées au sein du Parlement. A présent, je considère que ma présence ici entre dans le cadre de la criminalisation de l'acte politique.»
Les propos qu'il tient ne sont pas du goût de l'ancienne ministre qui déclare à son tour : «Djoudi répète avec insolence que j'ai donné douze milliards de centimes à la société audiovisuelle Brocom.» Elle reconnaît avoir détenu des parts au sein de cette même entreprise avant de les céder et de quitter Brocom. Face au juge, elle ne nie pas non plus que son père et son frère sont actionnaires et se pose la question : «Où est la preuve que douze milliards ont été octroyés?'» Sa réponse fait immédiatement réagir Me Ghechir, avocat de l'accusé qui rétorque : «Si j'étais à la place de Mme Labidi, je n'aurais pas déposé de plainte car le conflit d'intérêt est évident, nous sommes face à un député qui a soulevé une critique durant son travail parlementaire, avec l'avènement du Hirak, les députés du PT ont démissionné pour répondre à l'appel du peuple, Labidi a saisi cette occasion pour relancer cette affaire.» Une longue intervention portant sur la criminalisation de l'acte politique s'ensuit. Me Ghechir insiste sur le droit absolu que détenait à ce moment Djelloul Djoudi pour critiquer et alerter sur toute irrégularité ou anomalie de ce genre, il s'étonne que son client ait été poursuivi en dépit du fait qu'il bénéficiait à ce moment de son immunité parlementaire et dénonce l'amalgame entretenu entre les déclarations faites en pleine Assemblée et les propos tenus au journal Liberté en réaction à des questions soulevées par un journaliste sur l'affaire. «Si l'affaire se base sur ce dernier cas, il n'y a absolument rien du moment que mon client a seulement réagi au dépôt de plainte de Mme Labidi en disant qu'il était prêt à se défendre et qu'il était en possession de tous les documents nécessaires pour cela.» Me Ghechir poursuit : «La société audiovisuelle en question est la propriété privée de sa famille, elle a demandé douze milliards pour la réalisation du film Le Patio, elle a bénéficié de six milliards lorsque Mme Labidi était ministre de la Culture.» Me Bitam, avocat de l'ex-ministre, réagit à son tour en déclarant que «Djoudi n'avait pas à en faire une affaire publique même s'il s'agissait d'une citoyenne afin de ne pas porter atteinte à sa réputation. Peut-on priver un fils de travail parce que sa mère est ministre '»
A. C.


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