Algérie

Six ministres et 50 milliards de dollars en 10 ans SECTEUR DE LA SANTE



Six ministres et 50 milliards de dollars en 10 ans SECTEUR DE LA SANTE
L'Algérien n'a plus confiance dans le système de santé de son pays
Les réformes tant annoncées dans le secteur de la santé se font toujours attendre et l'ère de la prévention primaire est à chaque fois repoussée.
«Il vaut mieux prévenir que guérir», dit le dicton. Le moins que l'on puisse dire est que le secteur de la santé est malade et que l'absence de prévention primaire le pénalise lourdement et rend inopérante la réforme hospitalière décidée par l'Etat. Des milliards de dollars lui sont consacrés chaque année, mais à croire les spécialistes, «le mal est tellement profond qu'il a fait perdre au citoyen la confiance dans le système de santé de son pays et qu'il n'a laissé d'alternative aux meilleurs fils de l'Algérie indépendante que la marginalisation ou l'exil.» Invité hier du forum El Moudjahid organisé à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, célébrée le 7 avril de chaque année, le professeur Abdelouahab Bengounia a fait une longue communication au cours de laquelle il a passé en revue le secteur et les principaux problèmes auxquels il est confronté depuis une dizaine d'années. Evoquant les réformes engagées en 2002, le conférencier n'est pas allé avec le dos de la cuillère, en les considérant comme des mesures inefficaces qui ont, au lieu de servir le secteur, l'ont au contraire pénalisé. «N'est-il pas vraiment indécent de parler, après plus de dix années de cette réforme hospitalière illusoire qui, après avoir consommé six ministres de la santé et plus de 50 milliards de dollars, soit l'équivalent du budget de fonctionnement de plusieurs Etats africains réunis, laisse aujourd'hui le démuni mourir sans traitement et contraint le nanti et le privilégié à prendre l'avion au moindre mal pour se faire soigner en Europe et même en Tunisie et au Maroc'», s'est-il interrogé. M.Bengounia va plus loin. Pointant un doit accusateur en direction de tous les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Santé depuis 2002, il crie sa colère, en s'interrogeant pourquoi l'Institut national de veille sanitaire promis par le secrétaire général du ministère de la Santé, de la Population, et de la Réforme hospitalière n'a pas encore vu le jour' «Où est l'Invs recommandé depuis plus de dix années et dont la création a pourtant été annoncée publiquement par le SG du ministère, l'année dernière'» Parlant de l'évolution des indicateurs de santé, l'orateur l'a qualifiée d'inquiétante et de chaotique. «Nous avions, en 2009, une surmortalité adulte, surtout féminine, statistiquement significative», a-t-il confié. Alors qu'au Maroc et en Tunisie, le ratio de mortalité est respectivement de l'ordre de 86 et 70 pour une population de 1000 habitants, âgés entre 15 et 60 ans, en Algérie, il a atteint 105 décès en 2009. Il y va de même pour l'espérance de vie qui est la moins longue, comparée à celle des autres pays du Maghreb. Parlant ensuite de la maladie du sida, il a indiqué que le VIH progresse dangereusement, de même que la tuberculose, «la maladie de la misère et de la promiscuité pour laquelle il est établi que sa prévalence est inversement proportionnelle aux dépenses de santé.» Selon lui, les maladies cardiovasculaires sont les plus meurtrières dans le monde et viennent en tête des causes de décès par maladies non transmissibles avec 17 millions, soit 47%, suivies des cancers 7,6 millions, soit 21% et des maladies respiratoires chroniques 12%. Quant au diabètes, «il est directement responsables de 3,5% des décès par maladie non transmissible» Pour ce qui est des «pathologies tumorales, plus de deux tiers des décès par cancer interviennent dans les pays à revenu faible et intermédiaire et résultent en majorité d'atteintes du poumon, du sein, du colon, du rectum, de l'estomac ou du foie», a-t-il dit pour conclure.


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