Sur 26 plans d'occupation
des sols (POS) au niveau de la ville d'Oran, six seulement sont approuvés alors
que 12 autres sont en cours de finalisation. Pour le reste, soit près d'une
dizaine, aucune étude n'est à ce jour lancée. Une situation difficile à
justifier si l'on sait que le Plan directeur d'aménagement urbain (PDAU), ainsi
que le POS, sont des instruments d'urbanisme en vigueur depuis 1998, soit
depuis plus de dix années. Pourquoi l'urbaniste, ou plus précisément le
législateur, a-t-il jugé utile d'avoir recours à ces instruments qui, faut-il
le rappeler, ont force de loi ?
«Pour réguler l'usage du sol», affirme M.
Mebarki Mohamed, directeur de la Division de l'urbanisme et de la planification
(DUP) de la commune d'Oran. Pour M. Mebarki, l'avenir même de la ville dépend
du POS, car il s'agit d'un instrument d'urbanisme qui porte un regard de détail
sur une parcelle de terrain limitée dans l'espace et dans le temps (à court
terme). Le PDAU, qui englobe les périmètres des POS, porte, quant à lui, un
regard beaucoup plus large, en fixant les grandes orientations de la ville à
moyen et à long termes. Autrement dit, le PDAU ainsi que le POS sont deux
remparts contre l'urbanisation anarchique d'une ville, précise M. Mebarki. En
fait, il s'agit des «seuls» remparts «réglementaires» contre l'urbanisation anarchique
d'une ville. Il n'est pas indispensable aujourd'hui d'avoir l'oeil d'un expert
pour constater tout le gâchis architectural et urbanistique dans nos villes.
Pour y mettre fin, une seule réponse s'impose, selon M. Mebarki: «c'est
l'adoption des plans d'occupation des sols (POS)». Il est le seul instrument à
pouvoir réglementer l'usage du sol en définissant les aspects techniques de
toute nouvelle bâtisse (sa hauteur, le nombre d'étages, la qualité de la
façade, entre autres), mais aussi sa fonction future (à usage d'habitation,
commercial, administratif...). La finalité recherchée est de préserver
l'homogénéité du bâti et sauvegarder ainsi l'identité architecturale et
urbanistique du site. L'exercice peut exiger la prise en compte d'un éventail
de critères, notamment les spécificités du site en question, historiques s'il
s'agit d'un vieux quartier comme Sidi El-Houari, ou architecturales s'il s'agit
du centre-ville, par exemple.
Certains sites, comme Saint-Pierre ou
Miramar, au centre-ville, pour ne citer que ce quartier (à des degrés
différents, des sites de l'ensemble du territoire de la wilaya peuvent être
cités en exemple), font depuis quelques années déjà face à une spéculation
foncière sourde, comme en témoigne le nombre de bâtisses neuves qui y sont
construites sans que leurs promoteurs ne soient limités d'une quelconque
restriction urbanistique. Faute de POS, ces promoteurs peuvent, en effet,
construire en ayant comme seule obligation de réaliser le meilleur retour
possible sur investissement. Ceci est valable pour l'ensemble des sites où le
POS n'est pas encore adopté.
Dernièrement, la Division de l'urbanisme et
de la planification (DUP) de la ville d'Oran a instruit l'ensemble de ses
secteurs urbains à ne livrer aucun permis de construire dans les zones où les
POS sont en cours. Ce sont les bureaux d'études chargés de la réalisation de
ces POS qui sont désormais les seuls habiletés à fournir ces permis de
construire. Théoriquement, cela vise à éviter à ce qu'il y ait des
constructions aux caractéristiques contraires aux futurs plans d'occupation des
sols que le bureau d'études est le mieux placé pour en connaître au moins les
contours généraux. Mais dans les faits, et des sources concordantes le
confirment, les promoteurs arrivent généralement sans grande peine à faire
valoir leur vision et persuader les bureaux d'études en question à accepter par
exemple une bâtisse de douze étages dans un site qui normalement ne tolérerait
que quatre. Ce qui est certain, aujourd'hui, et personne ne pourrait le
contredire, c'est que l'absence de POS est le contexte idéal pour permettre
tous les excès et tous les abus. La seule arme efficace entre les mains des
pouvoirs publics pour protéger la ville de cette «machine impitoyable» n'est
malheureusement pas utilisée.
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Posté Le : 04/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com