Algérie

Situation sécuritaire au Mali: L'armée renforce sa présence territoriale



Les autorités maliennes ont renforcé le dispositif sécuritaire dans le centre du pays pour parer à toute attaque terroriste ou de quelques natures qui pourrait déstabiliser le climat sécuritaire dans le pays.
L'armée malienne a renforcé sa présence aux environs de deux villages dogons du centre du pays attaqués lundi. Les affrontements se multiplient dans cette région entre les Peuls, traditionnellement éleveurs et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".
En outre, les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière avec le Burkina Faso, ont été frappés lundi soir par des "attaques terroristes" ayant fait 38 morts et de nombreux blessés, a annoncé mardi soir le gouvernement dans un "bilan provisoire officiel".
"Un contingent des forces de défense et de sécurité a été dépêché sur les lieux pour sécuriser les populations et leurs biens, et traquer les auteurs de ces attaques", a ajouté le gouvernement.
Selon un élu de la région, "la situation a été calme la nuit. Mais après un événement comme ça, les populations ont évidemment peur".
Les violences qui affectent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre le 23 mars. Ces actes sont attribués à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d'Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Au moins 24 personnes ont été tuées dans une attaque perpétrée lundi par des hommes armés non identifiés à 135 km de Koro dans la région de Mopti au centre du Mali.
Des assaillants, voulant attaquer la localité de Dangafani II, ont été repoussés une première fois par des jeunes appartenant à une brigade de vigilance avant de revenir, tuant 17 jeunes et blessant trois (3) autres, a précisé l'agence malienne de presse (AMAP).
Deux personnes ont été tuées et deux autres blessées, samedi, dans l'explosion d'une mine entre Diankabou et Bamba, dans la région de Mopti (centre du Mali), a rapporté mardi l'agence malienne de presse (AMAP).
"Une charrette transportant des passagers se rendant à la foire hebdomadaire de Bamba est montée sur un engin explosif dans les environs de 9H30, entre Diankabou et Bamba, faisant deux morts et deux blessés", a précisé la même source.
Les autorités administratives et politiques, accompagnées de la gendarmerie se sont rendues sur les lieux afin d'élucider les circonstances exactes de l'incident.
Pour la troisième fois, un engin explosif improvisé fait des victimes sur ce tronçon fréquenté par les usagers et forains après la fermeture du tronçon Koro -Dioungani-Dinangourou, depuis deux ans suite à des attaques répétées, selon l'AMAP.

Eviter les actes de vengeance
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a exhorté la semaine dernière lors d'un déplacement dans un village dogon victime d'une tuerie collective, les populations du centre du pays ensanglanté par des violences intercommunautaires, à ne pas se "livrer à des actes de vengeance".
L'attaque menée dans la soirée du 9 juin contre le hameau de Sobane Da, près de Bandiagara, a fait 35 morts dont 24 enfants, selon un dernier
bilan. Elle n'a pas été revendiquée, mais des habitants ont dit soupçonner des Peuls venus de localités voisines et présumés appartenir à des groupes terroristes.
Arrivé à bord d'un hélicoptère de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), avec notamment la cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako, et plusieurs ministres, dont celui de la Défense, M. Keïta s'est aussitôt dirigé vers la fosse commune où les 35 corps ont été inhumés. Lors de sa rencontre avec les habitants, M. Keïta a promis de prendre "toutes les dispositions pour assurer la sécurité des biens et des personnes".
Pour sa part, l'envoyé de l'ONU au Mali a estimé mercredi qu'il fallait arrêter le "cycle infernal de la violence" si l'on veut que l'espoir d'un retour à la paix se concrétise, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Mali. "Le cycle infernal de la violence qui se poursuit doit être arrêté au risque que chacun soit tenté de se faire justice lui-même", a-t-il encore dit, soulignant l'importance de la lutte contre l'impunité.
Il a salué l'affectation d'un procureur de la République à Mopti ainsi que les récentes arrestations opérées par l'Etat malien. Il a aussi salué le travail d'enquête considérable effectué par la division des droits de l'Homme de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).
L'envoyé de l'ONU a noté que le processus de paix au Mali était entré dans une nouvelle phase avec la nomination en avril dernier d'un nouveau Premier ministre, Boubou Cissé, et la signature le 2 mai d'un accord de politique de gouvernance entre la majorité et l'opposition démocratique. Cela a été suivi de la formation le 5 mai d'un gouvernement d'ouverture.

Nécessité d'une stratégie "intégrée"
Le chef des opérations de paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, a plaidé pour une "stratégie intégrée" en soutien aux efforts du gouvernement malien pour mettre fin aux violences et au terrorisme qui secouent notamment la région de Mopti dans le centre du pays, ont rapporté samedi des médias locaux.
En visite au Mali, Jean-Pierre Lacroix a appelé vendredi à l'arrêt de "la spirale de la violence dans le centre du Mali à travers une stratégie intégrée en soutien aux initiatives du gouvernement malien", ont ajouté les mêmes sources.
"Notre action commune doit aider à donner un élan décisif aux actions du président Ibrahim Boubacar Keïta et de son gouvernement en faveur du retour de la paix, de la réconciliation nationale et du développement", a souligné M. Lacroix.
Accompagné du secrétaire général adjoint du Service européen pour l'action extérieure Pedro Serrano, le chef des opérations de paix des Nations Unies s'est rendu à Mopti, dans le centre du Mali, pour constater la situation dans la région, ont poursuivi les mêmes sources.
"La situation a atteint ce qu'on pourrait appeler une cote d'alerte avec ces horribles massacres des dernières semaines, des derniers jours. C'est la raison pour laquelle nous sommes venus pour montrer que nous sommes solidaires, nous sommes unis et pour montrer que nous sommes prêts à augmenter nos efforts pour soutenir les efforts maliens", a précisé M. Lacroix dans une déclaration à la presse locale, tout en rappelant que "la solution doit être malienne".
M. Lacroix et Serrano ont rencontré à Bamako le président Ibrahim Boubacar Keïta, le Premier ministre Bobou Cissé ainsi que d'autres membres du gouvernement.
Ils se sont aussi entretenus également avec les autres parties signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation, avant de se rendre au quartier général de la force du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) à Bamako.
"L'appui de l'ONU à cette force régionale reste intact et déterminé", a affirmé à l'occasion le chef des opérations de paix de l'ONU, ajoutant que "la stabilisation du Sahel nécessite une mutualisation des moyens et que la présence de cette force sur le terrain est plus que jamais indispensable".
Pair ailleurs, des parlementaires d'une dizaine de pays du Sahel réunis vendredi à Niamey (Niger) ont demandé à ce que la force conjointe du G5 Sahel se voie conférer un mandat au titre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin de bénéficier des moyens onusiens pour combattre efficacement le terrorisme.
La vaste zone sahélo-saharienne constitue l'une des plus grandes concentrations de menaces sur la paix, la sécurité et le développement, avec notamment la présence de groupes terroristes tels que Boko Haram dans les pays riverains du lac Tchad, de mouvements terroristes dans le nord du Mali, ainsi que d'autres trafiquants de drogue qui écument dans la région.
La force conjointe du G5 Sahel est née en 2015 de la volonté des chefs d'Etat de la Mauritanie, du Mali, du Tchad, du Burkina Faso et du Niger de faire face à la recrudescence des attaques meurtrières perpétrées par des groupes terroristes dans la région.
Le commandant de la Force conjointe du G5 Sahel, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, a déploré vendredi les lenteurs constatées dans les opérations de mobilisation de fonds, handicapant certaines capacités jugées "très importantes" pour pouvoir lutter plus efficacement contre les mouvements terroristes.


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