Algérie

Situation de crise au port d'Alger



Le conflit social opposant depuis deux mois les travailleurs du port à leur employeur DPWorld Algérie
a fait chuter sensiblement l'activité portuaire, provoquant un encombrement critique de la rade. Depuis près de deux mois, les activités du terminal à containers du port d'Alger ont sensiblement chuté provoquant ainsi un encombrement de navires au niveau de la rade. Ainsi, le nombre de bateaux en attente qui était avant de 6 à 7 navires par jour est passé à un pic de 13 à 14 navires, engendrant un énorme préjudice financier au Trésor public. Une situation qui n'a cessé de s'aggraver au point de faire réagir d'abord le ministre des Transports, Amar Tou, puis le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui ont interpellé les responsables du port. Une cellule de crise a été installée ces jours-ci pour trouver des solutions, tandis qu'aujourd'hui une réunion devra regrouper les consignataires et les responsables de l’Entreprise portuaire d'Alger (EPAL) ainsi que ceux de DPWorld Algérie (Dubai Port World), un joint-venture entre l'Epal et l'émirati Dubai Port.
Malheureusement, rien n'augure un retour rapide à la normale, d'autant que les travailleurs de DPWorld sont sur le point d'annoncer un préavis de grève, pour demain, et que l'employeur a recouru à des huissiers de justice pour dresser un procès-verbal de constat, en vue d'une éventuelle action en justice. En fait, les deux parties se renvoient la balle et chacune accuse l'autre d'être à l'origine de cette anarchie. Les représentants des travailleurs estiment que la chute drastique des activités «incombe en premier lieu à la gestion catastrophique du terminal à containers». Ils expliquent que les moyens mis à leur disposition pour traiter les navires sont «dérisoires» et «les conditions de travail très difficiles». «7 Stark air (sur les 17 que possède l'entreprise), 5 grues (sur 5) pour containers vides et 22 camions (sur 28) sont en panne. 90% des moyens de travail sont en panne, comment voulez-vous que nous puissions assurer le traitement des navires convenablement ' Le personnel qui a pris un congé n'a pas été remplacé, ce qui mettait les équipes en situation de vulnérabilité. Nous nous sommes rendu compte que l'entreprise n'a ramené ni matériel convenable, ni une technique qui permet d'améliorer le rendement. Elle veut augmenter ses activités en exploitant les employés. Ces derniers travaillent dans des conditions extrêmement difficiles au point que certains d'entre eux ont perdu la vie. Depuis mars 2009, nous comptons déjà deux morts, sans compter le fait que nous faisons 48 heures de travail, ce qui est contraire à la législation algérienne. Nous avons saisi l'inspection du Travail qui a décidé d'une mise en demeure avant d'épingler carrément l'entreprise. Vous trouvez normal que tous les travailleurs des ports ont bénéficié des rentrées de leurs entreprises alors que nous, nous n’avons rien eu, comme si DPWorld était déficitaire», déclare le chargé de l'information du syndicat. Il précise que le syndicat a exigé de l'employeur de faire appliquer la convention de branches signée par Sogeport, «mais en vain».
«DPWorld refuse catégoriquement de se conformer à l'ordonnance 40/75 de 1975 qui régit le travail dans les ports et toutes les négociations auxquelles nous avons appelées se sont heurtées à son refus», note un autre syndicaliste.
Il met l'accent sur «le climat tendu» qui règne au port depuis plus de deux mois durant lesquels les relations avec l'employeur se sont détériorées, notamment après que ce dernier ait décidé de recourir aux huissiers de justice pour faire le constat de la situation. «S’il y a une situation de paralysie, c'est à cause de la gestion de DPWorld et non à cause des travailleurs qui ne font que réclamer leurs droits. Nous avons tenu une assemblée générale et procédé à un vote et la majorité a opté pour une grève générale, dont le préavis va être déposé demain…», révèle un syndicaliste. Du côté de l'Epal, actionnaire dans l'entreprise, les responsables restent très inquiets. Pour ces derniers, la chute des activités du terminal a containers a été voulue, tout en n’écartant pas la thèse du sabotage. «Seulement deux containers ont été traités en une heure. L'activité est comme anesthésiée. Et ce ne sont nullement les moyens qui en sont à l'origine», déclare un responsable au niveau du port.
Il précise cependant qu'une cellule de crise a été installée et devra réunir tous les intervenants pour régler définitivement cette situation. La centrale syndicale a été saisie pour qu'elle intervienne. «Nous pensons que des solutions seront vite trouvées pour mettre un terme à cette paralysie qui affecte non seulement le port mais surtout l'économie nationale», déclare notre interlocuteur.
Du côté de DPWold, aucun responsable n'a voulu se prononcer sur la crise. Nos nombreuses sollicitations se sont avérées infructueuses.   


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